Joël Bettan (Meteor Networks) : « Les téléphones GSM/Wi-Fi arrivent »

Mobilité

Un état des lieux du marché français du Wi-Fi avec le PDG du prestataire alternatif qui prend ses marques face aux opérateurs mobiles.

La chaîne hôtelière Inter-Hotel, les restaurants McDonald’s, La Poste (voir édition du 30 juin 2005)… Depuis son lancement en 2003, l’opérateur Wi-Fi alternatif Meteor Networks multiplie les partenariats pour déployer son réseau sans fil. Il développe également des accords d’interopérabilité avec les autres acteurs, notamment les opérateurs mobiles qu’il côtoie par ailleurs au sein de l’association Wireless Link. Joël Bettan, PDG de la société, dresse un état des lieux du marché du Wi-Fi en France.

VNUnet : Comment évolue le marché du Wi-Fi en France ?

Joël Bettan : Nous sommes arrivés, à la fin 2004, au terme d’une première période. De nombreuses start-up, dont l’approche consistait à gagner des parts de marché sans se soucier de la rentabilité, ont disparu en France comme à l’étranger. Aujourd’hui, les opérateurs Wi-Fi adoptent un modèle économique plus fiable. Ils ne considèrent plus l’entreprise comme un client mais comme un partenaire. L’offre proposée au client final, qui tient compte de ses revenus, est ainsi pensée de façon à être rentable à la fois pour l’opérateur et pour l’entreprise. Sur ces bases solides, le marché s’apprête maintenant à entrer dans une nouvelle ère et à développer des services complémentaires, notamment liés à la téléphonie.

Sous quelle forme ces services complémentaires se présentent-ils ?

Je pense notamment au partenariat signé avant l’été entre France Télécom et Microsoft. Les deux groupes envisagent de lancer une plate-forme de téléphonie associant le GSM et le Wi-Fi pour permettre aux utilisateurs de téléphoner au meilleur coût. Avec un tel système, la communication est établie sur un réseau de téléphonie sur IP quand un point d’accès Wi-Fi est détecté, ou sur un réseau GSM dans le cas contraire. Je pense également au Blue Phone conçu par l’opérateur britannique BT en association avec Alcatel, et aux téléphones couplant GSM et Wi-Fi que les constructeurs de téléphones mobiles tels Motorola, Erikson et Nokia, élaborent actuellement.

Et quel est le positionnement de Meteor Networks ?

Dès le départ en 2003, nous avons cherché des accords avec les entreprises en commençant par répondre aux appels d’offres. Cette stratégie s’est révélée payante puisque nous sommes aujourd’hui le premier opérateur Wi-Fi alternatif et le deuxième acteur après France Télécom, en termes de parts de marché. Nous allons maintenant lancer nos premiers services de téléphonie.

Reste-t-il de la place pour un nouvel acteur sur le marché du Wi-Fi ?

Je ne pense pas. Un marché est toujours fait pour un certain nombre d’acteurs. Sur le marché du Wi-Fi, le nombre d’acteurs dépend du nombre d’emplacements pouvant accueillir un hotspot [point d’accès, Ndlr]. Or, les emplacements privilégiés sont aujourd’hui tous occupés par un opérateur.

A ce jour, combien de points d’accès Wi-Fi ont été déployés en France ?

Plusieurs milliers, mais je ne connais pas le nombre exact. L’association Wireless Link, dont nous sommes membres, donne des chiffres précis. En ce qui nous concerne, nous approchons du millier de contrats signés, notre activité décollant depuis ces derniers mois. Nous recensons au final près de 400 hotspots déployés et 100 autres en cours d’installation. Les points d’accès restants seront opérationnels avant la fin de l’année.

Le prix des accès Wi-Fi dans les espaces publics reste assez élevé. N’est-ce pas un frein au développement de cette technologie ?

Les opérateurs vont baisser leurs tarifs. Mais pour le faire, ils doivent pouvoir différencier leurs offres en fonction de la cible, notamment dissocier leur offre grand public de leur offre BtoB. Ils ont donc besoin de débits supérieurs qui leur permettraient de proposer aux entreprises des services à forte valeur ajoutée, comme la vidéoconférence, à un prix élevé. C’est ce qui s’est passé chez les opérateurs mobiles.

L’utilisation des hotspots se démocratise-t-elle ?

Aujourd’hui, un hotspot enregistre déjà du trafic dans le mois suivant son installation, ce qui était loin d’être le cas l’an passé. Le nombre de minutes de connexion sur nos points d’accès ne se chiffre plus en milliers par mois mais en millions. Les durées de connexion par utilisateur restent toutefois assez faibles mais elles vont fortement progresser dans les mois qui viennent.

Le WiMax va-t-il connaître un développement aussi important que le Wi-Fi ?

Le WiMax est complémentaire du Wi-Fi. Dans certaines régions, cette technologie peut apporter aux entreprises un débit nettement supérieur aux offres locales. Et dans les zones industrielles à forte concentration, elle peut remplacer les liaisons louées qui coûtent nettement plus cher.

Allez-vous proposer des accès Wimax ?

Nous avons actuellement à l’étude des offres couplées Wi-Fi/WiMax. Celles-ci arriveront prochainement, de manière assez naturelle.