Kevin Warwick, premier homme bionique ?

Mobilité

Chercheur et professeur de cybernétique, Kevin Warwick s’est fait implanter une puce électronique directement sur le nerf médian de l’avant-bras. Objectif : recueillir des informations sur les impulsions nerveuses et les enregistrer afin de permettre à un ordinateur de les reproduire à son tour. Une application qui vise notamment à rendre la mobilité aux membres paralysés.

Kevin Warwick est-il fou ? Probablement pas plus que tout chercheur qui respecte les protocoles scientifiques. Ce professeur de cybernétique à l’université de Reading en Angleterre a décidé de s’implanter une puce électronique dans le bras. Et ce n’est pas la première fois : déjà en 1998, l’intrépide chercheur s’était fait implanter un bout de silicium qui permettait d’allumer automatiquement la lumière en entrant dans une pièce, d’ouvrir les portes, etc. Mais alors que la puce se contentait d’émettre un signal vers un ordinateur chargé de piloter le mobilier d’un appartement, cette fois, le but de Kevin Warwick est de permettre au système nerveux humain de commander l’ordinateur via la puce qui servirait alors d’interface homme-machine. Et réciproquement. Il s’est ainsi fait implanter une micro-électrode le 14 mars dernier.

Implantée au niveau de son poignet, la puce est reliée au nerf médian via cent « points de contacts » (on n’ose pas dire « des broches »). Le processeur communique ensuite avec l’ordinateur par un système d’émission/réception radio. L’objectif de cette expérience n’est pas de pouvoir payer sa baguette sans avoir à sortir sa monnaie mais bien de pallier les déficiences physiques éventuelles. Kevin Warwick espère recueillir assez de données sur les mouvements du corps afin de les réutiliser ultérieurement, notamment sur des patients paralysés. Conserver les informations nerveuses pour ouvrir et fermer la main, par exemple, afin de pouvoir les exploiter par un ordinateur qui « pilotera » à son tour une main paralysée, telle est l’ambition du chercheur et de son équipe. Ces visionnaires espèrent même s’échanger les informations « nerveuses » ainsi obtenues via Internet. On imagine les dérives commerciales possibles, notamment sexuelles, d’une telle interface. La réalité risque de bientôt dépasser la fiction.