Kik : une ICO à 100 millions de dollars pour un nouveau modèle économique

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Kik a choisi la voie de l’ICO pour développer, autour de son app de messagerie instantanée, une économie de services décentralisée fondée sur une cryptomonnaie.

Investisseurs, gardez à l’esprit que la participation à une ICO présente d’autant plus de risques que les projets soutenus manquent globalement de maturité.

De la Chine au Royaume-Uni en passant par la France et Gibraltar, plusieurs autorités de régulation ont communiqué plus ou moins explicitement ce message au cours des dernières semaines.

Le cas de Kik y fait exception : l’application mobile de messagerie instantanée est exploitée depuis 2010 par l’entreprise du même nom, qui revendique 300 millions d’inscrits, pour 15 millions d’utilisateurs actifs par mois, dont 57 % de 13-24 ans.

Le pari a été fait de monétiser cette communauté sous l’angle de la plate-forme ouverte. Le lancement, en 2011, d’une première série d’API, en avait témoigné. Ont suivi les bots, désormais au nombre de 187 000, grâce aux développeurs tiers.

La démarche a convaincu le groupe chinois Tencent, qui a injecté 50 millions de dollars.

En ajoutant les tickets mis par des fonds comme Union Square Ventures et Foundation Capital, Kix a cumulé plus de 100 millions de dollars de financement privé. Ce qui ne l’a pas empêché de passer par la case ICO.

Effet de réseau

Au-delà de l’apport en capital, l’opération doit poser les jalons d’un nouveau modèle : une économie décentralisée fondée sur une cryptomonnaie.

Celle-ci sera, dans un premier temps, utilisée sur Kix pour l’achat/vente de services entre utilisateurs : groupes de discussion VIP, messages promotionnels, pourboires, missions pour le compte de marques, etc.

L’objectif est de fédérer, à terme, d’autres applications au sein desquelles les échanges de pair à pair seront réalisés avec la même devise, baptisée kin.

À l’instar de ce qui vaut pour le bitcoin, la quantité émise sera plafonnée ; en l’occurrence, à 10 milliards de kins. Kik en conservera 30 %, avec l’espoir que sa valeur croisse parallèlement à son usage.

L’exploitation de la blockchain Ethereum permettra de mettre en œuvre le « Kik Reward Engine », du nom du smart contract qui assurera la redistribution de la valeur entre les participants : 60 % du stock de kins leur sera réservé, avec une répartition fonction de l’usage de chacun des services de l’écosystème. Chaque année, 20 % du stock restant sera débloqué.

Les VC dans la boucle

Le dispositif sera initialement supervisé par une fondation qui, selon Ted Livingston, laissera un jour la place à une DAO (organisation autonome décentralisée).

Le fondateur et principal dirigeant de Kik était revenu sur cette approche lors d’une session TechCrunch Disrupt organisée en juin à Shenzhen (Chine). Il s’était réjoui du « succès » d’une première expérimentation, menée entre 2014 et 2016 avec des « points Kik » qui ont permis une moyenne de 300 000 transactions par jour sur l’application.

Quelques détails sur l’ICO avaient été dévoilés à cette même occasion. Mais pas la somme recherchée. Elle avait finalement été fixée à 125 millions de dollars, sur la base d’un milliard de kins émis (soit 10 % du stock global à terme).

Une première tranche de 50 millions de dollars avait été collectée auprès d’institutionnels parmi lesquels Blockchain Capital, Pantera Capital et Polychain Capital.

L’exception canadienne

Les 75 millions restants ont été proposés à la souscription du 12 au 26 septembre.

Dans le respect des procédures KYC, le public intéressé devait se préinscrire et justifier de son identité.

Les 17 075 personnes qui se sont signalées ont d’abord pu investir jusqu’à 4 393 dollars chacune, Kik ayant choisi de ne pas proposer d’option de sursouscription.

Pour les kins n’ayant pas trouvé acquéreur le premier jour, la vente s’est poursuivie sans plafond d’investissement.

Au terme de l’ICO, le compteur s’élève à 10 132 participants qui ont injecté un total de 168 327 ethers, soit environ 49 millions de dollars au cours actuel.

Sur la liste des investisseurs, aucun résident canadien : Kik les a exclus « à regret », craignant que l’opération soit scrutée par l’autorité de contrôle des marchés financiers dans la province de l’Ontario, où est basée la société.

Un marché secondaire s’est créé pour le kin, désormais indexé sur des plates-formes d’échange comme EtherDelta.

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3,4 milliards de kins seront en circulation au bout d’un an ; 5,6 milliards après deux ans.

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