La cacophonie de la musique en ligne

Mobilité

Les annonces se télescopent. Universal et Sony annoncent un partenariat avec Yahoo. Universal vient d’acquérir Emusic, EMI envisage un système de partage de fichiers, Bertelsmann concentre ses activités, la radio de Virgin peut s’enregistrer tandis que MP3.com est à nouveau condamné et Napster continue à échanger. Musique !

En plein procès Napster, après l’annonce du rapprochement entre Sony et Universal pour distribuer leurs catalogues en ligne via une structure commune baptisée Duet (voir édition du 22 février 2001), Warner, BMG et EMI réagissaient en dégainant un équivalent du nom de MusicNet qui s’appuiera sur RealNetworks (voir édition du 2 avril 2001). L’annonce suivante provenait de Microsoft qui dévoilait MSN Music, une collection de radios en ligne (voir édition du 4 avril 2001). Le secteur de la musique en ligne est en pleine ébullition, il faut absolument occuper le terrain. La preuve.

Sony et Universal s’allient à Yahoo

Le jeudi 5 avril, Jean-Marie Messier, patron de Vivendi, annonce que Sony et Universal vont distribuer leur musique sur le Net via Yahoo. Il s’agit là du premier client pour Duet. En s’alliant avec un grand portail comme Yahoo, les deux premiers éditeurs de musique au monde marquent un point face à Musicnet, l’équivalent de Duet pour EMI, BMG et Warner. Musicnet pourra en effet s’appuyer sur AOL pour distribuer son contenu. Les titres de Sony et Universal seront diffusés par Yahoo « à titre non exclusif » ainsi qu’ont bien insisté les deux Majors. Un service d’abonnement à la demande devrait être lancé dès cet été aux Etats-Unis. Les Européens devront certainement encore patienter jusqu’à la fin de l’année. On attend.

EMI s’essaye au partage de fichiers

Alors que Sony et Universal annoncent leur partenariat avec Yahoo, le même jour EMI dévoile une alliance avec HitHive, un service de stockage en ligne. L’idée va au-delà du stockage en permettant l’accès à sa « boîte à CD en ligne » à un groupe restreint d’amis. Impossible de ne pas faire ici le rapprochement avec MyMP3.com, le service pour lequel MP3.com a subi les poursuites en règle des maisons d’édition. D’après Cnet, on pourra partager sa boîte avec 25 personnes et celles-ci pourront profiter de chaque morceau un maximum de 10 fois, seule l’écoute serait autorisée. Une fois de plus, c’est l’échéance de l’été qui est annoncée. On attend.

La Net radio de Virgin peut s’enregistrer

Le streaming possède l’avantage – théorique – de ne pas autoriser l’enregistrement des morceaux. C’est la solution choisie pour le moment par Microsoft sur MSN Music (voir édition du 4 avril 2001). Virgin possède sa propre radio en ligne : Radio Free Virgin (RFV), qui propose une quarantaine de canaux musicaux classés par genre. Le lecteur employé par RFV s’appuie sur le Windows Media Player. Rien de bien étonnant jusque-là, jusqu’à ce que Virgin annonce le mardi 3 avril qu’il allait permettre l’enregistrement du flux audio. Les réactions à cette annonce sont très hostiles, même si les fichiers créés ne peuvent être lus sur un autre poste, donc ne devraient pouvoir être partagés. Pourtant, il existe déjà des radios en ligne que l’on peut enregistrer. Ainsi StreamRipper est un plug-in pour le lecteur multimédia WinAMP que détient AOL. WinAMP donne accès à une multitude de radios en ligne que l’on peut facilement enregistrer grâce à StreamRipper. Ce dernier crée des fichiers MP3 tout à fait classiques et échangeables à l’envi. Merci !

Nouvelle condamnation pour MP3.comMP3.com a déjà dû verser un total de près de 133 millions de dollars aux cinq Majors (voir édition du 15 novembre 2000). En règle avec ces dernières depuis, le site poursuivi pour son service de stockage en ligne MyMP3.com fait face à l’appétit d’autres maisons de disques. C’est le cas de TVT Records, grand label indépendant américain qui s’est allié à Bertelsmann pour préparer la diffusion de ses titres sur Napster (voir édition du 12 février 2001). TVT Records a d’ailleurs abandonné sa plainte contre le système d’échange de fichiers, il n’a pas renoncé face à MP3.com auquel il demandait pas moins de 8,5 millions de dollars. Ce lundi 9 avril, on apprenait la condamnation de MP3.com, mais cette fois-ci la sanction est moins sévère : le site a été condamné à verser 300 000 dollars pour infraction à la législation sur les droits d’auteur. Ce qui permet aux deux parties de se satisfaire du jugement même si mp3.com a déclaré son intention de faire appel…

MTV, premier à distribuer les cinq Majors

La limite de la distribution en ligne paraît être la difficulté d’accéder aux titres des principales maisons de disques en un même lieu. MusicNet d’un côté, Duet d’un autre, ne semblent pas faciliter l’agrégation. Pourtant le mercredi 4 avril MTV annonce qu’il proposera des téléchargements payants de morceaux provenant des cinq Majors, Universal, Sony, EMI, Warner et BMG. Pour parvenir à ce tour de force, MTV s’est associé à RioPort, partenaire technique du projet. Radio MTV et Radio VH1atWork promettent « un mélange unique d’écoute en streaming et de musique téléchargeable, avec l’option d’achat ». Cela ressemble fortement à MSN Music…

BeMusic : la nouvelle filiale musique de Bertelsmann

Bertelsmann, l’une des cinq Majors avec BMG, mise sur Napster, mais pas seulement. On a effet vu que BMG s’était impliqué dans MusicNet avec EMI et Warner. Cette semaine, le géant allemand annonce qu’il restructure ses activités de vente de musique en ligne au sein d’une nouvelle filiale dénommée BeMusic. Cette dernière regroupera CDNow, le site de vente de CD racheté par Bertelsmann l’année dernière, et BMG Music service, son site de vente de CD en ligne qui fonctionne par abonnement.

Universal repreneur d’EmusicEmusic, que l’on connaît pour ses démélés avec Napster (voir édition du 8 mars 2001) a annoncé le 5 avril qu’il avait conclu un accord avec un repreneur. Ce Lundi 9 avril, on apprend qu’il s’agit de Universal qui va pouvoir ainsi se servir d’Emusic comme plate-forme de distribution de ses contenus licenciés avec Duet. Emusic possède un catalogue de 13 000 CD et compterait une dizaine de milliers d’utilisateurs qui paient un peu moins de 10 dollars par mois pour télécharger autant de morceaux qu’ils le désirent.

Napster toujours très actif

La prochaine audience de Napster devant la justice est prévue pour ce mardi 10 avril. Le logiciel d’échange de fichiers cherche à filtrer les morceaux qui circulent par son biais, mais sans grand succès, ce qui a le don d’irriter les responsables de la RIAA (voir édition du 28 mars 2001). Ces derniers ont annoncé le lancement le 2 avril dernier de NoFreeLunchster.com, un site destiné à mettre en avant les arguments des éditeurs contre Napster dévoilés lors d’auditions sur la musique en ligne organisées par le Sénat américain. Les derniers chiffres font état d’une augmentation du trafic sur Napster, par rapport aux semaines précédentes avec 593 millions de fichiers échangés lors de la dernière semaine de mars selon Webnoize soit 25 % de plus que la semaine précédente. Peut-être est-ce la distribution du dernier single de Prince que le chanteur a décidé de promouvoir sur Napster qui « booste » le trafic, toujours est-il que Napster est toujours très actif.