La CNIL épingle Acadomia pour « commentaires excessifs ou insultants »

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La CNIL a attribué un avertissement à la société de soutien scolaire Acadomia, qui aurait fiché illégalement ses enseignants, parents et élèves. Le tout accompagné de commentaires « excessifs », voire « insultants ».

Ca barde pour Acadomia. L’enseigne privée de soutien scolaire a reçu un avertissement de la CNIL le 22 avril qui vient d’être rendu public, pour avoir, entre autres, rédigé « des commentaires excessifs dans ses fichiers », peut-on lire dans le communiqué publié par la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés.

Adressée à la société AIS 2, exerçant sous l’enseigne Acadomia, cet avertissement, envoyé à la suite d’un contrôle en novembre dernier, met en évidence plusieurs manquements graves à la loi « Informatique et Libertés ».

Ainsi, Acadomia a mis en place des fichiers nominatifs sur les enseignants recrutés, mais aussi sur ceux qui n’ont fait que postuler ou qui ont quitté la société, sur les parents d’élèves clients mais également sur les élèves eux-mêmes. Or, l’entreprise de soutien scolaire n’a pas déclaré au préalable la constitution de ces fichiers à la CNIL, comme le stipule la loi.

En outre, ces fichiers nominatifs non déclarés contiennent des commentaires « excessifs ou insultants », et des informations « […] qui ne sont pas pertinentes pour gérer leur système », a souligné Alex Türk, le président de la CNIL, dans un entretien accordé à nos confrères de 20minutes.fr.

En effet, la CNIL a déniché plusieurs « centaines de milliers d’informations » sur les enseignants, parents d’élèves et élèves, aussi excessives que « mère salope », « sent le tabac et la cave » ou « vraiment trop conne« .

Plus grave, certaines informations contenues dans les fichiers incriminés d’Acadomia portent sur l’état de santé des professeurs ou des clients, telles que « cancer du poumon tant mérité« , « narcoleptique ; hypersomniaque, tentatives de suicide, varie de la boulimie & anorexie » .

En outre, Acadomia s’est senti libre d’entrer des informations « sur des infractions et des condamnations » concernant les personnes fichées. On y retrouve ainsi des commentaires du type « sa cousine avait été assassinée et violée », ou encore « est mis en examen (je ne sais pas pourquoi) ».

Reste à savoir comment Acadomia a pu avoir accès à ce type d’informations, même si, semble-t-il, « la plupart ne reposent sur rien et ressemblent à des ragots, parfois même sur des mineurs, ce qui est encore plus choquant« , estime Alex Türk.

Le dossier Acadomia a été transmis par la CNIL au Parquet, qui pourra prendre des sanctions financières, voire prononcer des peines de prison, à l’encontre de la société AIS 2.

De son côté, la société de soutien scolaire explique dans un communiqué que « le rapport de contrôle des équipes de la CNIL établi trop rapidement comporte de graves inexactitudes ».

Acadomia conteste les affirmations d’Alex Türk, et précise que « les déclarations des fichiers de la société à la CNIL ont été faites […] ».

Sûr de son bon droit, Acadomia estime qu’il « est parfaitement logique et légal qu’une entreprise enregistre des informations de ses clients  de ses enseignants » et qu’elle « travaille étroitement avec la CNIL sur tous ces sujets de protection de la vie privée ».