La condamnation de Microsoft soulève l’ire des politiques américains

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Aux Etats-Unis, les responsables politiques s’offusquent de ce que l’Union Européenne condamne Microsoft pour abus de position dominante. Selon eux, l’Europe aurait dû s’aligner sur les positions du département américain de la Justice.

La condamnation de Microsoft pour abus de position dominante par l’Union Européenne (voir édition du 24 mars 2004) ? condamnation contre laquelle l’éditeur compte déposer un recours – n’est que très modérément appréciée outre-atlantique. Le responsable de la Concurrence au département de la Justice, Hewitt Pate, a estimé que l’amende de 497 millions d’euros était « regrettable ». De même, les autres mesures de rétorsion, qui visent à modifier la façon de concevoir et de commercialiser Windows, sont jugées non pertinentes. « Une politique de la concurrence saine doit éviter de geler l’innovation et la concurrence même par des sociétés ‘dominantes' », a-t-il déclaré. Du côté des responsables politiques américains, les commentaires sont encore plus nettement hostiles. Le leader de la majorité républicaine au Sénat, Bill Frist, a qualifié d’« absurdes » les mesures prises à l’encontre de Microsoft. Et dix membres de la Commission sur les relations internationales de la Chambre des représentants ont envoyé au Commissaire européen Mario Monti une lettre dont news.com a révélé le contenu.

UE ? Massachusetts, même combat

En résumé, les parlementaires s’offusquent de ce que les autorités antitrust européennes interviennent dans les pratiques commerciales d’une entreprise américaine alors que celles-ci ont déjà été régulées par l’antitrust américain. Mais Mario Monti a néanmoins quelques défenseurs aux Etats-Unis, en particulier du côté du Massachusetts, le seul Etat à maintenir ses poursuites contre Microsoft pour pratiques anticoncurrentielles (voir édition du 4 novembre 2004). Selon le ministre de la Justice, Tom Reilly, la décision de l’Union Européenne va dans le bons sens car, contrairement à l’accord à l’amiable conclu entre Microsoft et le département de la Justice, « elle concerne la conduite passée, actuelle et future de l’éditeur ». En effet, même si l’enquête antitrust menée par la Commission Européenne a porté sur l’intégration de Media Player dans Windows, la stratégie de la Commission est d’obtenir une condamnation de Microsoft qui fasse jurisprudence et permettra donc à l’avenir d’instruire plus rapidement d’autres plaintes concernant, par exemple, Longhorn, la prochaine version grand public de Windows, que Microsoft prévoit de commercialiser en 2006. Si tout se passe comme le souhaite Mario Monti, il se pourrait que, pour satisfaire les exigences de l’Union Européenne, Longhorn soit édité en deux versions : une version complète et une version expurgée des fonctionnalités qui font par ailleurs l’objet d’une application commercialisée par des éditeurs tiers indépendamment du système d’exploitation.