La déferlante de la vidéo à la demande en Europe

Mobilité

Selon une étude NPA Conseil commandée par le CNC, il existe 42 services VOD dans dix pays européens, dont 13 en France à fin 2005.

Compte tenu du développement du haut débit en Europe et de l’essor des divertissements numériques, les services de vidéo à la demande se sont mulitpliés. Entre 2002 et 2005, le nombre de fournisseurs de services dédiés a été mulitplié par dix. Rien qu’en France, on recense 13 acteurs ayant déployé un dispositif de VOD (voir tableau en bas de l’article). Ils proposent un catalogue cumulé de 700 films proposés (hors fictions, documentaires, programmes d’animations, etc.).

Ce sont quelques données principales qui ont été dévoilées par le Centre National de la Cinématographie (CNC) lors de la présentation d’une étude sur le développement de la vidéo à la demande en Europe, réalisée par le cabinet d’études NPA Conseil (1). Cette analyse, qui porte sur dix pays européens (2), montre une certaine ébullition autour de la VOD.

Un jeu ouvert

A fin 2005, on recense 42 initiatives dans ce sens sur ce panel de pays. Alors que des pionniers comme l’italien Fastweb ou le français Moviesystem/Netciné.fr (racheté par le groupe Canal Plus) ont commencé à explorer la VOD dès la période 2001/2002, une vraie dynamique dans ce domaine a été perçue sur l’année 2005 avec une vingtaine de projets émergents.

« Le jeu apparaît très ouvert », estime NPA Conseil. Car les profils des acteurs se positionnant sur la VOD sont hétéroclytes : opérateurs télécoms (France Télécom, Free, Télécom Italia?), industriels de l’électronique grand public (Apple, Samsung, Sony?), spécialistes de la distribution de détail de biens culturels (VirginMega, Fnac?), des services dédiés à la location de vidéo (Glowria, BlockBuster?) sans parler des initiatives inclassables lancées par des portails comme Google (via Google Video). Deux types d’acteurs se distingueront dans cette chaîne : les détenteurs de droits et fournisseurs de contenus (Disney, Warner Bros, Pathé?) et les acteurs assurant la sécurisation des oeuvres distribuées (ceux qui fournissent des outils DRM comme Microsoft).

Essor de la télévision personnelle

En établissant un benchmark européen, plusieurs modèles économiques co-existent (achat à l’unité, package, forfait pour une consommation illimitée?) et les critères de consommation des oeuvres peuvent varier d’un service à un autre (téléchargement ou streaming, durée de la fenêtre de mise à disposition, fraîcheur du film?).

Toute cette effervescence contribue à l’épanouissement du concept de « télévision personnelle » c’est à dire la consommation de contenus vidéos à travers des réseaux multiples (câble, satellite, ADSL, TNT?) avec une réception sur des terminaux divers (TV, PC?) « à un moment choisi de manière délinéarisé, indépendamment d’une grille de programme ».

NPA Conseil distingue deux types de VOD : celle pratiquée en mode pull (le téléspectateur envoit une requête à un serveur de programme) et celle exploitée en mode push (les programmes préalablement téléchargés sont stockés sur le PC ou le personal video recorder du client).

Démarrage précoce en France

En France, compte tenu des efforts réalisés en termes de couvertures ADSL et du taux de pénétration du haut débit dans les foyers (9,5 millions de foyers à fin 2005 selon l’Arcep), la vidéo à la demande devrait devenir un service attractif.

A la fin de l’année dernière, les filières du cinéma et de l’accès Internet, avec le soutien du gouvernement, sont parvenues à déterminer un cadre d’exploitation d’un service VOD en France et à l’insérer dans la chronologie des médias (voir édition du 21 décembre 2005).

Outre Moviesystem qui est apparu dès 2002, France Télécom s’est également investi de manière très précoce dans ce domaine en lançant le service MaLigne TV en décembre 2003 (voir édition du 18 décembre 2003). Au dernier pointage en février 2006, ce dispositif a séduit 200 000 clients. Au cours du dernier trimestre 2005, d’autres acteurs de poids ont débarqué : le groupe Canal Plus qui a lancé CanalPlay.com en s’appuyant sur l’héritage de Moviesystem/Netciné mais aussi le groupe TF1 à travers deux sites VOD estampillés TF1 et TPS.

Dans une moindre mesure, les chaînes M6 et Arte (voir édition du 27 février 2006) ont également pris position dans ce domaine. Enfin, des distributeurs indépendants comme Video. TV de la Banque Audiovisuelle ou plus récemment Cinezime tentent de trouver une place dans ce vaste échiquier.

Evolution du cadre juridique européen

En dehors de l’évolution économique du marché, il faudra s’attendre également à une prochaine modification sur le volet juridique. Début 2007, la directive européenne « Services des médias audiovisuels » va se substituer à la directive « Télévision sans frontières ». Un nouveau cadre « qui exercera un effet structurant sur la croissance de ces nouveaux services », estime NPA Conseil.

(1)Etude en partie financée par ces divers organismes : API, ARP, CSPF,PROCIREP, SPI,UPF, USPA,SACD et CNC.

(2) Les dix pays européens couverts par cette étude : Allemagne, Autriche, Espagne, Finlande, France, Hongrie, Italie, Pologne, Portugal, Royaume-Uni.

Liste des 13 services VOD en France
Nom de la société ou du groupe d’exploitation Nom du service (date d’ouverture)
France Télécom MaLigne TV (décembre 2003)
Free Free VOD, à partir du catalogue CanalPlay.com (décembre 2005)
Groupe Canal Plus CanalPlay.com (octobre 2005)
Cinezime Cinezine.com (septembre 20005)
W4tch TV Imineo.com (2005)
Télésavoirs Télésavoirs.com (2005)
TF1 TF1 Vision (novembre 2005)
TPS TPS-VOD.fr (novembre 2005)
La Banque Audiovisuelle Vodeo.tv (septembre 2005)
Editions Montparnasse Service VOD dédié au premier film King Kong sur King-kong.fr (décembre 2005)
France Télévisions Service de VOD sur la fiction Les Rois Maudits (novembre 2005)
M6 M6 HD (automne 2005)
Arte Arte VOD (février 2006)

Source : NPA Conseil, avril 2006


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