La fusion AOL Time Warner sur la sellette

Mobilité

Les deux géants AOL et Time Warner ont jusqu’à lundi 28 août pour répondre aux questions des autorités américaines concernant leur fusion. Alors que la pression des sénateurs s’intensifie et que Disney enfonce le clou, la Commission européenne complète son enquête.

Pour la troisième fois, AOL et Time Warner doivent répondre aux questions des autorités américaines inquiètes des conséquences de leur fusion. La FCC (Commission fédérale des communications) leur a adressé sa dernière demande en date le 15 août dernier. Rappelons que les deux mastodontes avaient annoncé leur rapprochement début janvier (voir édition du 10 janvier 2000).

Alors que Time Warner est l’une des plus grandes sociétés mondiales d’enregistrement et d’édition musicale, AOL détient de son côté la première place des fournisseurs d’accès et de services Internet. La semaine dernière, AOL se plaçait encore une fois en première position en terme d’audience, en totalisant pas moins de 28,6 millions de visiteurs uniques, selon une étude Nielsen/Netrating. La dernière liste de questions posées par la FCC porte notamment sur la stratégie d’AOL en termes de télé interactive, les arrangements de Time Warner avec un cablo-opérateur et les engagements d’AOL dans les services DSL. Une question attise particulièrement le débat, elle concerne la messagerie instantanée d’AOL.

Comme par hasard cette semaine, IMUnified, un consortium formé par tous les fournisseurs de messageries, excepté AOL, (voir édition du 27 juillet 2000), annonce que ses membres vont parvenir d’ici la fin de l’année à une interopérabilité entre leurs outils. Ceux qui militent contre la fusion craignent de voir AOL, propriétaire d’AIM et d’ICQ, favoriser les contenus de Time Warner sur ces logiciels permettant de communiquer entre particuliers. Il faut avouer qu’AOL ne semble pas très ouvert à l’interopérabilité, preuve en est ses récents blocages d’une compatibilité recherchée par Imici, un petit logiciel de messagerie et encore dernièrement Odigo.

Disney profite de la situation pour enfoncer le clou en se montrant très soucieux et allant jusqu’à demander à AOL et Time Warner de lui fournir une copie des documents confidentiels adressés à la FCC pour justifier leur fusion.

L’Europe n’est pas en reste puisque, le 19 juin, la Commission européenne annonçait ouvrir une « enquête approfondie » concernant la fusion. « Il n’est pas exclu que, compte tenu de la richesse du catalogue musical auquel AOL aura accès, elle soit en mesure de dicter les normes techniques pour la distribution de musique par l’Internet et de monopoliser le logiciel ‘music-player' », indiquait la Commission. Bruxelles, après avoir examiné les engagements d’AOL destinés à couper les liens qui l’unissait à Bertelsmann par le biais d’AOL Europe (voir édition du 26 janvier 2000), estimait « qu’ils étaient insuffisants pour lever les préoccupations soulevées par l’opération du point de vue de la concurrence ». La Commission mène par ailleurs une enquête sur l’opération de concentration entre Time Warner et EMI Group Plc dans le secteur de la musique. Elle rendra ses conclusions dans ces deux affaires respectivement les 18 et 24 octobre prochains. En attendant, elle vient de faire parvenir aux protagonistes une nouvelle série de questions. Dur, dur, d’être un géant…