La gouvernance Internet au coeur du Sommet mondial de la Société de l’Information

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Pendant trois jours, un vaste panel d’acteurs du monde des TIC va débattre à Tunis des moyens à mettre en place pour réduire la « fracture numérique ».

La montagne du Sommet mondial sur la société de l’Information (SMSI) va-t-elle accoucher d’une souris pour réduire la fracture numérique ? C’est une crainte qui apparaît déjà avant son inauguration officielle.

Entre le 16 et le 18 novembre 2005, Tunis va accueillir un vaste panel d’acteurs du monde des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour débattre des stratégies à adopter pour réduire la « fracture numérique ».

Quelque 10 000 participants issus d’organismes étatiques, internationaux ou tout simplement associatifs et des secteurs de l’Internet et des télécoms sont attendus à ce rendez-vous organisé par l’ONU.

Deux grands sujets seront à l’ordre du jour à l’occasion de ce sommet : gouvernance de l’Internet et mécanismes de financement pour réduire la « fracture numérique ». Juste avant l’ouverture officielle du sommet, un Comité préparatoire (PrepCom) intergouvernemental est chargé de préparer les discussions du SMSI et de finaliser les documents de travail qui serviront à alimenter les débats à venir.

La gouvernance Internet : le sujet qui fâche

Une confrontation entre les pays du Sud et les Etats-Unis est attendue en ce qui concerne la mainmise américaine sur la gouvernance Internet par l’intermédiaire de l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (Icann).

Même si cet organisme chargé de la gestion des attributions de 259 suffixes de noms de domaines tels que les .com, .net, .fr, .biz ou .eu revendique son indépendance, il demeure rattaché au ministère du Commerce américain.

Quant à l’Europe, sa position semble avoir récemment évolué vers une gouvernance multilatérale.

Solidarité numérique : un fonds soutenu par une agence

En ce qui concerne la question du financement, on attend beaucoup de la reconnaissance mondiale du Fonds de solidarité numérique (FSN), un programme destiné à centraliser les efforts en la matière et qui a été soutenu par des personnalités comme Abdoulaye Wade, président du Sénégal.

Une « Agence internationale pour la solidarité numérique », dédiée à la sélection des projets en lien avec le fonds de solidarité numérique (FSN), devrait être mise en place à Lyon dans le courant de l’année 2006.

On attend plusieurs temps forts au cours de ce sommet, en particulier la présentation d’un ordinateur portable à 100 dollars par Nicholas Negroponte, le fondateur du Media Laboratory du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Une initiative qui avait fait l’objet d’une première démonstration le mois dernier.

Des associations s’écartent du discours officiel du sommet
Tunisie, terre d’asile pour les nouvelles technologies ? Si le régime de Ben Ali tend à lisser son image dans ce sens, les associations de défense de la liberté d’expression ne l’entendent pas ainsi. A l’occasion du SMSI, Reporters sans frontières, association qui a vocation à défendre la liberté de la presse, s’insurge contre le choix du pays d’accueil. « Le simple fait d’organiser ce sommet en Tunisie, un Etat où le président et sa famille contrôlent la presse et Internet d’une main de fer, démontre que la liberté d’expression n’est pas considérée comme un thème central du SMSI », estime RSF. De son côté, le Sommet citoyen sur la Société de l’Information (SCSI), organisé notamment par l’association française IRIS (Imaginons un réseau Internet solidaire) se tiendra à Tunis du 16 au 18 novembre 2005 en marge du SMSI. Ce rendez-vous alternatif est organisé « en tant qu’évènement de la société civile » mais assure « se trouver déjà en butte à des obstructions répétées à ses efforts en vue de garantir un lieu correct pour sa tenue ».


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