La mutualisation des réseaux au secours de l’UMTS

Mobilité

L’ART vient d’officialiser le partage des réseaux entre opérateurs UMTS. Toutefois, l’Autorité de régulation impose certaines restrictions. La mutualisation des réseaux devrait surtout permettre de convaincre les opérateurs encore réticents à se lancer dans l’UMTS.

A force d’entendre que l’UMTS est cher et qu’il n’est peut-être pas si rentable que cela, le gouvernement et l’ART se retrouvent obligés de dérouler le tapis rouge aux opérateurs et plus précisément aux nouveaux candidats. Après que le gouvernement a ramené à 619 millions d’euros le ticket d’entrée au lieu des 4,9 milliards prévus à l’origine (voir édition du 17 octobre 2001), après sa proposition de fixer à 1 % la taxe sur les bénéfices, soit le taux le plus bas qui avait pu être imaginé (voir édition du 5 décembre 2001), c’est au tour de l’ART de faire les yeux doux aux opérateurs UMTS en « officialisant » la mutualisation des réseaux.

Jusqu’à présent, l’ART ne s’était pas opposée à l’idée d’un partage des réseaux, notamment si cela peut permettre une meilleure couverture du territoire. Aujourd’hui, le gendarme des télécommunications souhaite encadrer précisément ces dispositions afin de faire respecter les règles d’une concurrence saine et ouverte. Une position d’autant plus nécessaire que les autorités de régulation allemande, britannique et néerlandaise ont exprimé leur désir de voir une certaine mutualisation se réaliser entre opérateurs.

Différents niveaux de mutualisation

L’ART a ainsi défini plusieurs niveaux de partage qui ne doivent pas forcément être considérés comme cumulatifs. Si l’Autorité encourage le partage d’éléments passifs comme les pylônes, les sites, les locaux techniques, elle est plus prudente en ce qui concerne les stations de base et relais. L’ART souhaite que chaque opérateur garde le contrôle logique de son réseau afin « qu’il puisse exploiter en toute indépendance de l’opérateur partenaire les fréquences qui lui ont été attribuées ». Elle s’oppose ainsi au partage des commutateurs et routeurs qui conduit à une mise en commun des fréquences.

Le cadre légal de la mutualisation intervient à quelques semaines du prochain appel à candidatures afin d’offrir aux candidats en lice une visibilité sur les dépenses à engager. En février dernier, date où plusieurs opérateurs européens exprimaient leur désir de partager certains coûts, France Télécom estimait que la mutualisation des efforts et des coûts en France serait « burlesque ». L’opérateur historique ne jugeait pas nécessaire, à l’époque, de s’allier avec un opérateur pour la construction d’un réseau. MobilCom – dont France Télécom possède 28,5 % – estime que la mutualisation pourrait entraîner une diminution de 20 à 40 % des coûts de construction du réseau. Et lorsque l’on estime, par exemple, la construction du réseau allemand à près de 5 milliards d’euros, on devine tout l’intérêt d’une telle alliance. Pour autant, le prix ne serait pas l’unique attrait de cette coopération. Pour Jeroen Steenbrink vice-président d’ATKearney, un cabinet de consultants, la mutualisation des efforts entre acteurs UMTS permettrait une mise en place plus rapide du réseau. « Plus que la construction du réseau, le choix des sites et la signature du bail pour la mise en place d’un site prennent énormément de temps. Pouvoir réduire ce délai en partageant un site permettrait à l’opérateur de gagner du temps afin de dégager des revenus le plus rapidement possible », expliquait-il déjà au début de l’année (voir édition du 26 février 2001).