L’administration Bush pourrait rejeter une plainte de Google contre Microsoft

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La lutte acharnée entre les deux firmes IT provoque une polémique au sein du
ministère américain de la Justice. Des soupçons de collusion sont évoqués.

« Près de dix ans après le début des premières initiatives de l’administration [américaine] pour démanteler Microsoft, l’administration Bush vient de changer brutalement son fusil d’épaule. Elle aurait défendu à plusieurs reprises le groupe, à la fois aux Etats-Unis et à l’étranger, contre ceux qui l’accusent de pratiques anticoncurrentielles, en rejetant notamment une récente plainte de Google », affirme un journaliste du New York Times dans un article publié dimanche 10 juin.

Toujours selon le même quotidien américain, le responsable antitrust du département de la Justice – Thomas O. Barnett – aurait demandé aux procureurs le mois dernier de rejeter une plainte confidentielle déposée par Google. La plainte, qui s’inscrit dans la cadre de l’accord à l’amiable qui supervise le comportement de Microsoft depuis 2002, porte sur le système d’exploitation Vista. Cet OS serait utilisé par Microsoft pour décourager l’utilisation d’autres programmes en ligne et ralentir le système de recherche sur PC de Google. L’indexation simultanée des contenus d’un ordinateur par les deux programmes impacterait considérablement le fonctionnement du système, sans qu’il ne soit possible d’arrêter l’indexation opérée par Vista.

Ce changement d’attitude de l’administration trouve ses origines dans une perception très différente des procédures antitrust entre les administrations Clinton et Bush. Il est aussi lié aux évolutions récentes du marché, marquées par un déplacement des enjeux du poste client vers la recherche et les programmes en ligne. Lesquels offrent de plus en plus souvent une alternative aux logiciels développés par Microsoft.

Le responsable antitrust mis en cause

L’affaire pourrait très certainement en rester là si Thomas O. Barnett, le responsable antitrust à l’origine de la demande, n’était mis en cause par le New York Times sur son impartialité. Il aurait travaillé jusqu’en 2004 pour un cabinet juridique ayant défendu Microsoft dans plusieurs procédures antitrust. Tout en précisant que Thomas O. Barnett n’était pas directement lié à Microsoft à cette période, le quotidien américain indique qu’il serait resté à l’écart des affaires concernant Microsoft jusqu’en 2005, par crainte de  » conflits d’intérêts ».

Des procureurs se sont par ailleurs émus de cette demande de rejet, inédite selon eux. Certains considèrent que la plainte de Google est justifiée. Ils estiment même que le « mémo » de M. Barnett pourrait finir par se retourner contre Microsoft, les procureurs de plusieurs Etats ayant décidé de recevoir la plainte de Google, avec ou sans l’aval de l’administration.