L’Afnic scrute le second marché des noms de domaine

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L’association en charge de la gestion du domaine .fr estime que les
spécialistes du ‘parking’ peuvent contribuer à générer de la valeur sur les noms
de domaine.

La barre symbolique du million de noms de domaine en .fr déposés devrait être atteint d’ici début 2008, estime l’Association Française pour le Nommage Internet en Coopération (Afnic). Un an après la libéralisation du .fr à destination du grand public, l’association à but non lucratif en charge de la gestion de ce domaine recense 856 000 dépôts de noms de domaine. En juin 2006, elle en recensait environ 500 000.

Cette ouverture a permis d’ouvrir les vannes même s’il est difficile de parler d’engouement de la part des Français en matière de nom de domaine. A titre de comparaison, l’Allemagne affiche 12 millions de noms de domaine déposés en .de, dont 80% réalisés par des particuliers. Mais l’Afnic sent un certain frémissement. Actuellement, environ 1600 noms de domaine sont créés chaque jour, dont 50% en provenance du grand public. Sachant que la gestion d’un nom de domaine pour un particulier revient en moyenne à 10 euros par an.

A l’occasion d’un déjeuner presse, a fait le point sur ses activités à l’occasion de la parution de son rapport annuel (voir encadré en bas de l’article). Mais cette rencontre était surtout destinée à mesurer  » l’intérêt marketing et économique pour une entreprise de déposer des noms de domaine en .fr ».

Un exercice pédagogique qui ne fait pas de mal : faut-il rappeler sur les 840 000 TPE en France, seulement 15% tirent profit des technologies de l’information et des communications (TIC) ? Mais, en l’état actuel, en dehors de la participation de l’Afnic au programme Passeport pour l’Economie Numérique initié par le précédent gouvernement Villepin, il n’existe pas d’initiatives concertées pour sensibiliser les entreprises à ce sujet.

Il est grand temps pour les entreprises de considérer les noms de domaine acquis comme un actif immatériel dans le sens de la norme IFRS-IAS 38.  » Pour créer de la valeur autour d’un nom de domaine, il faut l’utiliser », souligne d’emblée Loïc Damilaville, Directeur général adjoint de l’Afnic. Les liens hypertexte générés entre sites Internet sont également bénéfiques car source de trafic. C’est aussi une question de protection des marques et de visibilité sur le Net.

« Dimension spéculative évidente »

Le second marché des noms de domaine est aussi intéressant à analyser sous le prisme de l’intérêt marketing et économique. Une entreprise peut décider de  » placer son nom de domaine dans un garage » (ou l’activité de « parking » dans le langage des profanes). Concrètement, il s’agit de proposer son nom de domaine inexploité à une société qui prend en charge sa valorisation. Par exemple, exploiter un nom de domaine générique (Television.fr par exemple qui est facile à mémoriser) en proposant sur la page d’accueil un listing de liens sponsorisés fondé sur le modèle du paiement au clic.

C’est un mode « gagnant-gagnant » : à chaque fois qu’un visiteur clique sur un lien sponsorisé de Television.fr, le gérant du service de parking de noms de domaine (comme Sedo ou Afternic) perçoit une commission du fournisseur de solutions de sponsored links (Google ou Yahoo par exemple) et en rétrocède une partie au titulaire final du nom de domaine. La dimension spéculative est évidente : certains prestataires spécialisés dans le parking gagneraient entre 100 et 1000 dollars par jour. « C’est la ruée vers l’or donc des gens vendent des pelles », commente Mathieu Weill, Directeur général de l’Afnic.

Pour encadrer les pratiques du second marché des noms de domaine, l’Association serait prête à élargir son cercle d’adhérents à ces prestataires au nouveau profil. Car les dérives persistent en termes de cybersquatting (je pique un nom de domaine rattaché à une marque) ou de typosquatting (je tape Gooogle avec trois « ooo » et je tombe sur un site pirate).

Certes, des mécaniques de résolution des litiges, qui évitent un recours en justice, ont été mis en place. Notamment au niveau de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) pour les disputes sur des noms de domaine généraux comme le .com ou le .net. Au niveau de la France, des procédures alternatives de résolutions des litiges sur le domaine .fr sont également installées comme le Médiateur de l’Internet sous la houlette du Forum des Droits de l’Internet.

Le rapport d’activité 2006 de l’Afnic est sorti
Le 15 juin dernier, l’assemblée générale ordinaire de l’Afnic a procédé au renouvellement triennal des cinq membres élus du conseil d’administration. Ce fût également l’occasion d’élire son président pour un mandat de trois ans. Jean-Claude Gorichon, Président élu de l’association à but non lucratif et membre fondateur désigné par l’Inria, a été réélu. Le rapport d’activité 2006 de l’Afnic a aussi été publié dans la même période. Il compte quelques chiffres-clés : un millier de bureaux d’enregistrement membres de l’Afnic, un budget de 5,5 millions d’euros pour 2006 et une équipe de 40 collaborateurs. Rappelons que l’Afnic équilibre son budget sans aucune subvention d’exploitation ni endettement. Elle s’évertue à appliquer une « politique de mise en réserve d’un montant équivalent à la masse salariale d’une année ».


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