L’antipiratage selon Microsoft en 10 questions

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C’est officiel, les prochaines versions de Windows et d’Office seront protégées contre le piratage par le Microsoft Product Activation, un système qui nécessite une clé numérique unique, basée sur les composants du PC, pour activer l’application. Petit tour du propriétaire.

Comme nous l’annoncions (voir édition du 10 janvier 2001), Microsoft Product Activation (MPA et non WPA) est la nouvelle stratégie de l’éditeur de Redmond contre le piratage de certains de ses logiciels (ceux destinés aux entreprises essentiellement). Seules fonctionneront les applications activées par une clé unique obtenue auprès de Microsoft et générée à partir de certaines références des composants du PC destinataire. Seules les prochaines versions de Visio, Project, Office XP (qui devrait sortir fin mai 2001 en France) et Windows XP (voir édition du 5 février 2001) seront concernées dans un premier temps. L’activation de la clé ne sera pas obligatoirement immédiate. Pour les applications, comme Office XP par exemple, l’utilisateur pourra exploiter cinquante fois sa version avant d’être obligé d’activer la clé, pour pouvoir continuer à sauvegarder son travail. Pour le système d’exploitation Windows XP, l’activation de la clé devra s’effectuer dans les 30 jours après l’installation. Voici en dix questions-réponses les grands principes de MPA.

1 – Comment obtient-on la clé d’activation ?

En contactant Microsoft, soit par téléphone, soit par Internet. Dans ce dernier cas, l’activation est automatique et transparente pour l’utilisateur qui pourra conserver l’anonymat. Seul le pays d’origine sera demandé, « à des fin statistiques », explique-t-on chez Microsoft. Par téléphone, la procédure est à peine plus compliquée. L’utilisateur communique le numéro du produit généré par le système et qui s’affiche sur l’écran. En retour, l’opérateur renvoie la clé d’activation à l’utilisateur qui n’a plus qu’à la saisir manuellement pour activer son application.

2 – Comment MPA rend-il unique la clé d’activation ?

La clé d’activation est générée par un serveur Microsoft à partir du numéro d’identification du produit et d’un numéro composé de diverses références matérielles (numéro de série du disque dur, quantité de mémoire vive, etc.) détectées par MPA. La clé d’activation est donc directement liée à la configuration de l’ordinateur sur lequel est installé le produit.

3 – Et si je change de configuration ?

A l’exception du disque dur, la clé générée par MPA reste valable en cas de changement « mineurs » (ajout de Ram, nouvelles cartes PCI, nouveaux périphériques…). La clé d’activation restera valable et le système ne devrait subir aucun conflit.

4 – Et si je change de disque dur ou de PC ?

En cas de changement du disque dur principal, qui nécessite par défaut la réinstallation du système, ou du PC, il faut générer une nouvelle clé d’activation en contactant Microsoft… par téléphone. Il faudra en effet, toujours anonymement, justifier de l’utilisation de la clé produit, par défaut déjà utilisée. Microsoft acceptera autant de fois que nécessaire ces « changements » de configurations et réinstallations forcées.

5 – Et si je réinstalle mon système entièrement ?

Si la configuration matérielle est la même, la clé d’activation reste valable. Il faudra donc penser à la noter quelque part.

6 – Et si j’achète mon PC auprès d’un intégrateur avec Windows XP installé ?

Deux cas possibles. Dans le premier cas, l’intégrateur s’est chargé lui-même de contacter Microsoft pour activer Windows XP (et les éventuelles applications du même éditeur livrées avec). C’est le cas le plus pratique pour l’utilisateur mais le plus improbable. Deuxième solution, l’intégrateur laisse à l’utilisateur le soin d’activer lui-même le système d’exploitation.

7 – Et si j’installe moi-même Windows XP ?

A la fin de l’installation, ou au bout des 30 jours d’utilisation, il suffit simplement de contacter Microsoft pour obtenir la clé d’activation du système.

8 – Et si j’ai plusieurs PC ?

Selon le contrat de licence, Microsoft tolère deux installations « légales » : une pour le PC de bureau, l’autre pour le portable, par exemple. Mais cette mesure ne concerne pas les licences EOM (intégrateurs) qui sont liées au PC et ne peuvent être transférées. Il est ainsi normalement impossible de revendre ce PC sans le logiciel Microsoft préinstallé. Sinon, il faut acheter autant de licences qu’il y a de machines à exploiter.

9 – Et si je grave un CD-Rom à des fins de copie privée ?

La gravure d’une application est tolérée à des fins de copie privée et à condition de pouvoir justifier d’être en possession de l’original. Malgré tout, si cette version gravée « circule », Microsoft ne pourra pas en interdire son installation répétée, sur quelque PC que ce soit, puisqu’un utilisateur peut demander une clé d’activation autant de fois qu’il le désire, et de manière anonyme. Autant dire que plusieurs personnes pourront demander une même clé d’activation. Mais bien sûr, cela signifie qu’il faut mentir effrontément à Microsoft…

10 – Et si je suis une entreprise, faut-il que je contacte autant de fois Microsoft que je possède de PC ?

Non. Les clients qui achètent des licences en volumes (Microsoft Select, Open, OSL, EA, Campus et School agreements) ne sont pas soumis à l’activation des produits. Les développeurs (abonnés aux programmes comme MSDN) seront également exemptés d’activation.

Au final, MPA n’offre aucune garantie contre le piratage puisqu’il est techniquement possible d’installer une même version sur plusieurs machines. Après tout, Microsoft ne peut interdire à un utilisateur de changer dix fois (ou plus) de PC dans l’année, et donc autoriser autant d’installations de Windows XP (ou autre). Mais il saura en revanche que tel produit (identifié par son numéro de série) a été installé tant de fois dans tel pays. Ce qui ne l’avance pas beaucoup plus. « Nous cherchons avant tout à informer et faire comprendre aux entreprises qui l’ignoreraient qu’un logiciel est lié à une licence par ordinateur », justifie Alain Ecuvillon, responsable antipiratage chez Microsoft France. « Nous ne chassons pas les 5 à 10 % de pirates professionnels qui trouveront toujours un moyen de contourner les sécurités mais les 90 % d’utilisateurs qui se mettent dans l’illégalité sans même le savoir ». Selon la BSA (Business software alliance), sur les 39 % de logiciels piratés en France, 19 % le sont au sein des grandes entreprises et 50 % dans les PME/PMI et Soho. Pour autant, Microsoft ne s’est officiellement fixé aucun objectif de résultat. Signalons enfin qu’à ce jour, MPA ne concerne pas les produits MacOS.

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