L’ASPIC, un lobby pour l’ASP

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Traver Gruen-kennedy, directeur des stratégies inter-réseaux chez Citrix, vient d’être réélu pour la deuxième fois à la tête de l’ASP Industry Consortium. Pour ce groupe constitué de plus de 450 sociétés, il s’agit de promouvoir le modèle de l’ASP.

VNUnet : Quel est le rôle de l’ASPIC ?

Traver Gruen-Kennedy : L’Application Service Provider Industry Consortium (ASPIC) a comme but premier de promouvoir le secteur des ASP par le financement de recherches, en encourageant certains standards et en faisant valoir les avantages stratégiques et quantifiables de l’ASP. Nous avons en quelque sorte l’objectif d’éduquer le marché. Le consortium a été créé en mai 1999 et regroupe aujourd’hui plus de 450 sociétés du monde entier. A l’origine, nous n’étions que 25. Nous regroupons des sociétés actives dans le domaine des nouvelles technologies comme des éditeurs de logiciels indépendants, des fournisseurs de services réseau ou des fournisseurs de services d’applications, mais aussi nous regroupons des sociétés du secteur informatique.VNUnet : Sur quel type de projet l’ASPIC travaille-t-il aujourd’hui ?

Traver Gruen-Kennedy : Notre prochaine étape est de réaliser une norme standard qui permettrait un développement plus rapide de la location d’application via Internet. Cette norme pourrait être effective au plus tôt dans 18 mois ou au plus tard dans 24 mois. Tout le problème de l’ASP réside dans la notion de sécurité. Une norme certifiée ISO permettrait de mettre en confiance les utilisateurs. Pour le moment nous avons mis en place avec l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI), un centre d’arbitrage à Genève qui permet à des entreprises de trouver des solutions lors de conflits entre fournisseurs ASP et clients.

VNUnet : A quels problèmes les entreprises sont-elles confrontées ?

Traver Gruen-Kennedy :

Les transactions informatiques peuvent donner lieu à de nombreux litiges pouvant porter sur les performances, la qualité du logiciel ou du matériel, les performances en matière de gestion de projet, des atteintes au droit d’auteur. Une entreprise peut être confrontée à la perte ou à l’altération de données. Dans les transactions internationales en particulier, les risques commerciaux et juridiques et les possibilités de litiges sont multipliés du fait des différences de régime juridique entre les pays. L’existence d’un mécanisme rapide et économique de règlement des litiges et de stratégies efficaces de prévention des litiges est cruciale pour le succès des ASP. Les pratiques recommandées et principes directeurs pour la prévention et le règlement des litiges à l’intention des ASP devraient être présentés aux membres du consortium pour adoption vers la fin de l’année.

VNUnet : Quelle vision avez-vous du secteur de l’ASP ?

Traver Gruen-Kennedy :

C’est un nouveau marché et, pour le moment, même si tous sont conscients que cela va être un secteur émergent, les utilisateurs sont encore peu nombreux. Aux USA, on peut compter 3 ou 4 fournisseurs pour 10 000 utilisateurs, en Europe, le

nombre d’utilisateurs doit se situer autour du millier pour 2 ou 3 fournisseurs. C’est peut être l’Australie, en raison de son histoire récente, qui se démarque un peu des autres pays. A la différence de la France qui, traditionnellement, regarde un peu ses voisins avant de se lancer dans la course. Toutefois d’une certaine façon, la France était précurseur de la location d’applications avec le Minitel. Mais toute l’infrastructure technique en amont n’était pas encore développée comme l’est aujourd’hui Internet.VNUnet : En France, les opérateurs télécoms commencent à se positionner sur le marché de l’ASP, à l’image de France Télécom ou de Cégétel. Quelle serait selon vous, la stratégie à adopter pour ces ‘Telcos’ ?

Traver Gruen-Kennedy : Aujourd’hui, nous venons de le voir, il y a encore peu d’offres dans le secteur de l’ASP. Mais à l’avenir, des milliers d’offres seront disponibles. Les fournisseurs de services proposeront des offres généralistes, mais on verra apparaître des fournisseurs spécialisés dans des niches bien précises. Certes, les telcos pourront profiter de cette manne à travers les communications qui seront plus nombreuses, mais ce n’est pourtant pas là qu’est le marché. Selon moi, une société comme France Télécom aurait intérêt à se positionner comme portail de solutions ASP. L’opérateur français deviendra alors la vitrine, une interface avec le client. Et on peut même envisager que France Télécom puisse se rémunérer non pas sur les communications qui pourraient dès lors être gratuites, mais sur le service fourni. Une mode de fonctionnement que France Télécom pourrait de toute façon être contraint d’adopter s’il veut rester concurrentiel.

VNUnet : Les fournisseurs ASP proposent tous, pour le moment, de cibler le secteur de PME. Pourquoi ? Les grands comptes seront-ils absents de ce marché ?

Traver Gruen-Kennedy : C’est vrai qu’aujourd’hui, seules les PME sont clientes. D’abord parce qu’il est plus facile pour une petite structure d’externaliser ses applications. Mais surtout, aucun fournisseur ASP n’est en mesure pour le moment de proposer une solution ASP pour un grand compte. Si Renault envisage par exemple aujourd’hui d’externaliser ses applications, il ne pourrait pas trouver un fournisseur ASP de taille suffisante pour répondre à ses besoins. Le marché est réellement dans une phase ascendante et ne devrait pas atteindre une taille adulte avant 12 à 18 mois.