Le 1 024 Kbits/s à 30 euros chez Wanadoo?

Cloud

Pour faire face à la baisse de ses parts de marché, Wanadoo s’apprête à réduire drastiquement ses tarifs. Mais en zone urbaine uniquement, au risque d’accentuer un peu plus la fracture numérique.

Confronté à une concurrence de plus en plus féroce, essentiellement sur le haut débit, Wanadoo est en perte de vitesse. Sa part de marché est tombée de 70 % en début d’année à 60 % aujourd’hui. Plus inquiétant : moins d’un nouvel abonné ADSL sur deux choisirait Wanadoo aujourd’hui. Il faut dire que les tarifs des forfaits de la filiale Internet de France Télécom deviennent franchement prohibitifs par rapport à certaines offres concurrentes, notamment celles basées sur le dégroupage. Ainsi, le 512 Kbits/s ? qui coûte plus de 45 euros chez Wanadoo – se retrouve à moins de 30 euros chez Free et Club-Internet (sur les zones dégroupées), la palme des tarifs les plus bas revenant à Tele2 (moins de 25 euros) et 9Télécom (23 euros avec la présélection téléphonique automatique). Les différences sont encore plus marquantes sur le 1 024 Kbits/s, proposé à 80 euros chez Wanadoo contre environ 40 euros chez Club-Internet, Tiscali, 30 euros chez Free (avec la Freebox) et 32 euros chez 9Télécom sur les zones dégroupées.

Conscient de son retard concurrentiel, Wanadoo s’apprêterait à revoir drastiquement ses tarifs. Selon Libération du 21 novembre 2003, le fournisseur d’accès, toujours leader sur le marché français, serait prêt à proposer le forfait 1 024 Kbits/s à 30 euros par mois, soit le tarif appliqué actuellement à son offre 128 Kbits/s. Les accès à 128 et 512 Kbits/s seraient donc susceptibles de disparaître, du moins dans les zones urbaines où les opérateurs alternatifs (LDCom et Free essentiellement) ont installé leurs propres terminaux de traitement du signal ADSL (les DSLAM) près des centraux de France Télécom, rentabilité oblige. En revanche, France Télécom est seul, pour le moment, à couvrir les zones moins denses en termes de population, et donc moins rentables. L’opérateur s’est notamment engagé à couvrir 90 % de la population en 2005.

Internet des villes et Internet des champs

C’est pourquoi il a demandé à l’Autorité de régulation des télécoms (ART) de pouvoir moduler ses tarifs de revente de gros en fonction de la densité de la zone d’habitation. Wanadoo pourrait ainsi commercialiser le 1 024 à 30 euros en ville et 80 euros à la campagne, au risque de creuser un peu plus la fracture numérique. Cela lui permettrait de concurrencer les fournisseurs d’accès qui ont fait le choix du dégroupage tout en conservant ses marges sur les zones où les concurrents ne sont pas installés. Pour le moment, l’ART aurait rejeté la demande, du moins pour l’année en cours – elle pourrait être approuvée en 2004. Mais, toujours selon Libération, Wanadoo pourrait accélérer les procédures en basculant de l’option 5 (revente des accès ADSL de France Télécom aux FAI) vers l’option 3 (interconnexion destinée aux opérateurs) plus avantageuse en termes de tarifs. Un tour de passe-passe qui ne sera pas forcément du goût du régulateur…

(Article modifié le 25 novembre 2003.)