Le courant porteur en ligne, trouble-fête de l’ADSL en région parisienne

Mobilité

Le syndicat intercommunal Sipperec confie à Mecelec le déploiement d’un vaste réseau CPL. De quoi bousculer la stratégie des FAI.

Le courant porteur en ligne (CPL), qui permet d’apporter l’Internet haut débit par les prises électrique, sort du guet en région parisienne. Le dossier est soutenu par le Syndicat Intercommunal de la Périphérie de Paris pour l’Electricité et les Réseaux de Communication (Sipperec).

Cette structure intercommunale, qui regroupe 86 villes de cinq départements franciliens (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Yvelines, Val d’Oise), exploite le réseau Irisé, une infrastructure en fibre optique mise à la disposition des opérateurs télécoms afin qu’ils commercialisent des offres multi play (Internet, téléphone, télévision) dans les zones d’habitation couvertes par le réseau (voir édition du 1er juillet 2005).

Jusqu’ici, seuls les câblo-opérateurs et les opérateurs télécoms s’appuyant sur des solutions DSL pouvaient exploiter le réseau Irisé. Désormais, il faudra compter avec des acteurs exploitant la technologie CPL.

Mecelec remporte la concession de service public

Dans une séance du 30 mars 2006, le comité du Sipperec vient d’attribuer la délégation de service public sur les courants porteurs en ligne à Mecelec, une société française spécialisée dans l’équipement de réseaux électriques. Elle a obtenu ce marché après le lancement d’un avis d’appel public en novembre 2004. En juin 2005, sur les cinq sociétés ayant initialement déposé un dossier, il en restait deux candidats en lice : le groupement LD Collectivité (Neuf Télécom)/Schneider Electric d’un côté et Mecelec de l’autre.

La mission de la délégation, d’une durée de 15 ans, vaut le détour car elle constitue une surprenante alternative aux stratégies de réseaux de dégroupage des opérateurs pariant sur les technologies DSL : « concevoir, déployer, exploiter, commercialiser à des opérateurs un réseau d’accès télécom construit sur le réseau électrique de distribution dont le Sipperec est propriétaire ». Mecelec dispose d’un délai d’un peu plus de cinq ans (63 mois exactement) pour déployer ce réseau CPL qui sera mis à disposition des opérateurs. A terme, celui devra raccorder 7 714 postes de transformation, 130 000 immeubles et 1,5 million de foyers répartis dans les 86 communes membres du Sipperec. Début 2007, Courbevoie et Rosny-sous-Bois devraient être les premières communes à bénéficier du déploiement CPL. Le montant des investissements globaux s’élève à 155,6 millions d’euros.

Premier grand projet de déploiement en France

Quels types d’offres vont bénéficier les clients finaux ? Là aussi, la délégation apporte des réponses claires : téléphonie illimitée en local et national et/ou accès Internet à 1 Mbit/s au minimum. Un premier cadre tarifaire pour les opérateurs intéressés par cette extension CPL a déjà été fixé : un prix maximum de 15 euros HT par mois et par liaison. Ensuite, il restera à déterminer le prix de l’offre de détail.

Cette concession de service public est originale à plus d’un titre : c’est le premier projet « en France et dans le monde » portant sur un déploiement CPL à grande échelle. « Cette délégation de service public aura valeur de test pour le marché de la technologie CPL sur la boucle locale en zone urbaine », affirme le Sipperec.

Sachant que des expérimentations locales ont déjà été réalisées : une première série avait eu lieu en 2002 dans les communes de Courbevoie, Levallois-Perret, Nanterre et Rosny-sous-Bois en partenariat avec des opérateurs comme Télé2, Tiscali et ADP Télécom (devenu Hub Télécom). Plus récemment, en 2004, Neuf Télécom avait testé la voix sur IP via CPL à Levallois-Perret. Début 2005, on a vu apparaître une première offre commerciale d’accès Internet via la prise électrique dans une commune de la Manche (voir édition du 20 avril 2005).

De simple accessoire « indoor » (c’est à dire restreint à un équipement multi play à domicile), la technologie CPL passe vraiment à « l’outdoor ». Ce qui devrait interpeller tous les fournisseurs d’accès Internet qui commercialisent leurs offres ADSL en région parisienne.


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