Le déploiement du haut débit risque de ralentir

Mobilité

Les opérateurs alternatifs ont rappelé au gouvernement la difficulté de trouver une viabilité économique en cas de dégroupage total.

Christian Estrosi, ministre délégué à l’Aménagement du territoire, a souhaité faire un point sur le déploiement du haut débit en France dans le cadre des objectifs que s’est fixés le gouvernement pour 2007. Avec l’intervention de François Loos, ministre délégué à l’Industrie, les représentants du Gouvernement ont rencontré l’Afors Télécom, l’association des opérateurs alternatifs. La rencontre a donc porté sur l’extension de la couverture du territoire en haut débit tant pour les particuliers que les entreprises.

Les ministres ont salué le dynamisme du secteur qui, avec près de 8 millions d’abonnés haut débit (voir édition du 30 août 2005) et un tiers des foyers français équipés d’un ordinateur, a rattrapé en quelques années son retard par rapport aux voisins européens. Dynamisme dont les opérateurs alternatifs constituent le principal moteur. « Grâce notamment à la diversité commerciale apportée par les opérateurs alternatifs, en particulier dans les zones dégroupées, l’objectif de 10 millions d’abonnés haut débit en 2007 sera sans doute dépassé », souligne le communiqué commun des ministères représentés.

Risque de ralentissement

Mais l’élan amorcé avec l’ouverture à la concurrence de la boucle locale en 2001 (voir édition du 2 janvier 2001) risque pourtant de connaître un net ralentissement. Les opérateurs ont en effet rappelé aux ministres les importants investissements qu’ils avaient consentis pour accéder à la boucle locale dans le cadre des offres ADSL en dégroupage partiel. Ils ont également rappelé que les investissements prévus dans le dégroupage total ne seraient menés qu’à condition d’y trouver un équilibre économique viable.

Or, les conditions d’accès total à la ligne de l’abonné sont sujettes à polémique. L’association des opérateurs alternatifs réclame une baisse du tarif de France Télécom de 9,50 à 7 euros par ligne et par mois environ (voir édition du 9 août 2005). Doléance récemment rejetée par le Conseil d’Etat (voir édition du 25 août 2005). Les représentants ministériels ont alors souligné que le dossier était entre les mains du Régulateur.

Internet à deux vitesses

D’autre part, les opérateurs ont rappelé le risque de fracture numérique qui se dessine dans les zones les moins rentables et dominées par un seul acteur, en l’occurrence France Télécom. Un problème qui pourrait trouver sa solution dans le soutien des collectivités locales qui investissent en propre dans le déploiement du haut débit dans leurs communes. Ou encore avec l’ouverture de l’accès aux équipements les plus éloignés de France Télécom. Les ministres ont également rappelé la capacité de la technologie WiMax (le Wi-Fi à très haut débit sur de grandes distances) à désenclaver les territoires les plus isolés.

Encore faudra-t-il que le déploiement du WiMax prouve sa rentabilité économique. Parmi les critères prépondérants dans la sélection des opérateurs, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) favorisera les opérateurs aptes à couvrir exhaustivement les communes d’un territoire donné. Ce qui nécessite, là encore, des gros investissements. La procédure d’obtention des licences WiMax étant à peine lancée (voir édition du 8 août 2005), il est trop tôt pour connaître l’intérêt que portent opérateurs et collectivités à cette nouvelle technologie.

Des liaisons à 100 Mbits

Les ministres ont rappelé l’importance du haut débit pour le développement économique et l’attractivité des territoires. Le programme du CIAT (Comité interministériel pour l’aménagement et le développement du territoire) du 13 décembre 2002 visait notamment, pour fin 2005, à couvrir 96 % de la population en haut débit, 70 % de la population de chaque département et 30 000 communes. Un objectif qui devrait être atteint. France Télécom s’est engagé à couvrir 96 % du territoire en ADSL à la date prévue et, depuis fin 2004, plus de 26 000 communes sont reliées à Internet à grande vitesse.

Mais l’objectif visé pour 2007 risque d’être plus difficile à atteindre. Outre les 10 millions d’abonnés haut débit attendus, le programme vise à couvrir 80 % des habitants de chaque commune et à apporter le haut débit à la mairie ainsi qu’à un autre point d’accès Internet public (école…). Pour les entreprises, des offres abordables d’accès à 100 Mbits/s devront exister pour faciliter le développement des zones d’activité professionnelle.

On en est loin. « Le gouvernement réfléchira à d’autres mesures pour atteindre ces objectifs », explique-t-on du côté du ministère de l’Aménagement du territoire. Loin d’être définies, les mesures à prendre dépendront notamment du nombre de communes qu’il restera à couvrir. Outre les bilans sur le développement du dégroupage total et les premiers déploiements du WiMax, les points ministériels sur l’état du haut débit en France risquent de se multiplier d’ici 2007.