Le double jeu d’Apple et Microsoft

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Le lancement de Microsoft Office v.X est l’occasion d’un tapage promotionnel autour de Mac OS X aux Etats-Unis. Une médiatisation moins importante que celle de Microsoft pour Windows XP, mais Apple cherche actuellement à ramener à la maison les brebis égarées, anciens utilisateurs du Mac passés à Windows. Et, alors que Microsoft est aussi l’un des principaux soutiens de l’X, Apple de souffler le chaud et le froid ! Schizophrénie, quand tu nous tiens…

« Le seul monopole que nous ayons, c’est sur les compliments », annonce fièrement une publicité Apple américaine en ce moment ! Pas d’affaire de justice dans ce registre-là, c’est sûr : la presse nationale américaine a en effet fait l’éloge dernièrement de Mac OS X. Le lancement d’Office v.X pour Mac OS X lundi 19 novembre aux Etats-Unis force le trait. « Office v.X (?) est très différent de – certains disent supérieur à – Office XP », analysait dernièrement Scott Hillis de Reuters. Mais le Washington Post et le New York Times ont également distribué les bons points, face aux fonctionnalités de la nouvelle version. L’affrontement Mac OS X / Windows XP se mesure d’ailleurs en partie à l’aune des commentaires autour de ce qu’il est possible de faire sur l’un ou l’autre système. Et là, force est de constater que les différences ont disparu, principalement en raison de la maturité du marché de l’informatique. Conséquence, Apple peut se permettre d’enfoncer le clou dans une campagne publicitaire bien moins tapageuse que celle lancée par Microsoft. La mise à jour vers Windows XP nécessitera, pour un bon nombre d’utilisateurs des anciennes versions du système, de racheter un nouveau PC ! « Alors pourquoi pas un Mac ? », lance Phil Schiller, le responsable marketing d’Apple.

Etrangement, le moment est bien choisi pour la firme de Cupertino de souligner les avantages de ses propres produits. Les meilleurs soutiens à Mac OS se trouvent là où on ne les attends pas : la Mac BU (voir édition du 10 octobre 2001) de Microsoft en est l’un des fers de lance. La firme à la Pomme bat actuellement le rappel autour des développeurs qui se sont impliqués sur sa nouvelle plate-forme. Voilà bien la difficulté devant laquelle se trouve la firme californienne : vanter les mérites de son OS par le biais de la publicité comparative permise aux USA et mettre en avant les efforts de Microsoft pour Office, alors que la même société lui met des bâtons dans les roues avec XP ! Un mouvement schizophrénique que connaît aussi Microsoft ! La firme ne dispose plus de parts dans Apple, comme en 1997. Cette participation (minime, moins de 10 % des actions) avait fait penser qu’Apple passait dans les mains de Redmond. « Non, non et non », se voit presque obligé de rappeler le géant du logiciel, qui a vendu ses parts en 2000. Et de proposer une offre combinée pour Office avec FileMaker pour Mac, la base de données de la filiale d’Apple ! L’échange de bons procédés entre les deux oligarchies logicielles peut se résumer à une quête pour une poursuite de la croissance : chez Microsoft, le logiciel système est condamné à voir sa marge s’affaisser. Un transfert des revenus de la firme a débuté vers les assistants numériques, les téléphones cellulaires, les systèmes embarqués dans les voitures, les consoles de jeux ou? le Mac ! Même mouvement pour Apple, qui croit plus à l’ajout de valeur sur ses machines par consolidation de la philosophie « tout-en-un » et « branchez, ça marche ». L’iPod est le dernier exemple de ce concept. Et ironiquement, Office v.X aussi ! L’utilisation de Quartz et d’Aqua à tous les niveaux de cette suite en fait un produit presque Apple ! Si la firme gagne à nouveau des clients, il y a donc fort à parier qu’elle le fera grâce à Microsoft ! Le monde à l’envers, s’écrient déjà les puristes…