Le DVD vidéo ne résiste pas à la copie

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Plusieurs logiciels en circulation sur Internet permettent de copier le contenu d’un DVD vidéo sur son disque dur ou sur un CD-Rom. De quoi inquiéter les éditeurs, avant même la sortie du fameux DVD audio…

Avec l’arrivée des disques numériques, les éditeurs ont pu se croire à l’abri en intégrant des fonctions de cryptage pour empêcher la copie des DVD. Il semble pourtant que leurs efforts soient menacés puisqu’un utilitaire baptisé DeCSS permettrait de copier la plupart des films DVD vidéo sur un disque dur ou un CD-Rom.

Développé par des programmeurs anonymes au sein de l’organisation MoRE (Masters of Reverse Engineering), ce logiciel compact – il pèse 57 Ko en format compressé Zip- exploite un code existant dans les lecteurs logiciels du commerce, comme XingDVD. Selon Wired News, à l’origine de cette information, n’importe quel fichier vidéo au format VOB (le standard des DVD) peut être sauvegardé sous forme décryptée sur un disque dur. Une récente version bêta 1.2 de cet utilitaire circule même depuis octobre, qui fusionne plusieurs fichiers VOB en un seul ou décompte le temps de transfert nécessaire pour passer du disque optique au disque dur.

Wired news explique que les auteurs de DeCSS ont profité d’une bourde de la société Xing pour se procurer l’une des nombreuses clés susceptibles de décrypter les DVD vidéo. En effet, les lecteurs logiciels et les magnétoscopes du marché possèdent chacun une clé codée unique, connue par les éditeurs et intégrée dans le disque. Or les développeurs de Xing auraient oublié de coder convenablement leur clé, qui devenait transparente aux yeux des programmeurs de MoRE.

Evidemment, mieux vaut posséder un disque dur imposant pour effectuer une telle copie. Un DVD vidéo en version simple face/simple couche permet de stocker 4,7 Go de données. Un volume trop important ? Il est aussi possible de transformer les vidéos au format MPEG ou Avi. Autrement dit, la vidéo peut être compressée pour tenir sur des CD-Rom. En Asie, un véritable marché s’est d’ailleurs développé avec la prolifération des VCD, des CD-Rom compilant des fichiers vidéo ou de la musique.

Pour l’instant, le piratage de films vidéo sur les DVD-R est condamné à la marginalité. Pioneer a lancé le premier en France un appareil graveur de DVD-R, mais ce dernier coûte la bagatelle de 39000 francs HT. Avec un disque vierge commercialisé entre 300 et 400 francs pièces, mieux vaut acheter son film en magasin. Cela dit, les prix baisseront immanquablement, tandis que les capacités des disques durs augmentent de mois en mois. Seagate et IBM ont annoncé des disque de 73 Go!

DeCSS contribuera sans doute à ébranler la confiance des éditeurs dans la sécurité offerte par les outils de cryptage du DVD. Même si tous ne comptent pas sur la technologie pour limiter le piratage. Selon Jean-Yves Mirski, délégué général du Syndicat de l’édition vidéo qui regroupe 17 compagnies telles Gaumont ou Warner Home Video, certains producteurs désabusés estiment qu’aucune barrière ne résistera suffisamment longtemps pour être satisfaisante. Conséquence, des titres de grands films actuellement dans les rayons ne sont pas cryptés, souvent pour des raisons économiques. Jean-Yves Mirski considère par ailleurs que les meilleurs outils de cryptage n’apporteront qu’un intérêt limité tant que la réglementation française sur l’importation des films ne changera pas.« Les films qui sortent avec succès aux Etats-Unis sont disponibles jusqu’à neuf mois plus tard en France, contre six mois dans le reste de l’Europe. La demande qui existe entre-temps alimente le piratage », assure le porte-parole des éditeurs.

Dans l’industrie du disque, le format DVD audio aura fait son entrée sur le marché américain d’ici la fin de l’année. Et encore une fois, rien n’indique que son codage permettra d’éviter les écueils de son cousin dédié à la vidéo.

Pour en savoir plus : L’article de Wired