Le GPRS, voie rapide de l’Internet sans fil?

Mobilité

Trop lents pour satisfaire les besoins de l’Internet mobile, les réseaux GSM des opérateurs français vont évoluer pour passer au GPRS, dont les débits théoriques dépassent 100 Kbits/s. Manuel Guazzatti, chef de projet marketing du GPRS chez France Télécom Mobiles, détaille le déploiement en cours et les performances de cette technologie.

VNUnet : France Télécom prévoit la fin du déploiement du GPRS sur le territoire français d’ici fin 2000. Faut-il craindre un retard, sachant que les sites opérationnels sont encore rares ? Manuel Guazzatti : Pour l’instant, seule la ville de Noisy-le-Grand est couverte. Une expérimentation en interne y mobilise une vingtaine de personnes de France Télécom. D’ici juillet, nous auront achevé le déploiement expérimental dans Paris intra-muros. Là, les tests seront de plus grande envergure. Quelques centaines de personnes expérimenteront le GPRS dans une zone limitée à la partie sud de la capitale. En parallèle, courant juillet, nous commencerons le déploiement des cartes matérielles pour mettre à jour l’ensemble du réseau national. C’est relativement rapide, et les premiers services commerciaux devraient démarrer avant la fin de l’année.

VNUnet : Techniquement, quelles sont les modifications effectuées sur les relais au sol ?Manuel Guazzatti : Il faut ajouter aux stations de contrôle, qui gèrent chacune plusieurs dizaines de cellules GSM, une nouvelle carte. Cette carte extrait ou insère les paquets de données (IP) dans la partie radio du système. Nous pratiquons aussi une mise à jour logicielle pour le coeur du réseau sur des équipements du type routeur. Le tout revient bien moins cher que de créer un nouveau réseau, comme c’est le cas pour la troisième génération UMTS.

VNUnet : Quels seront les débits disponibles ? Il semble qu’on sera largement en dessous des 100 Kbits/s théoriques attendus…Manuel Guazzatti : En théorie, il est possible d’atteindre jusqu’à 170 Kbits/s. Mais les débits seront plutôt de l’ordre de 30 Kbits/s (contre 9,6 Kbits/s en GSM, ndlr). L’explication est liée à deux paramètres concernant les terminaux des constructeurs. Le premier est le ‘timecode », qui correspond aux intervalles de temps pris par les téléphones mobiles pour envoyer les paquets de données. La deuxième limitation concerne les codes de correction d’erreurs. Les constructeurs ont choisi des composants qui ne supportent pas des débits supérieurs à quelques dizaines de Kbits/s pour l’instant. Des composants plus rapides (CS3 et CS4 pour le contrôle d’erreur) arriveront à la mi-2001. Mais pour l’instant, à Noisy-le-Grand, les débits sont de l’ordre de 20 à 25 Kbits/s.

VNUnet : On parle aussi de problèmes de surchauffe et de faible autonomie des mobiles GPRS. Qu’en est-il ?Manuel Guazzatti : Les problèmes remontent à la fin 1999. Un composant de la partie radio des téléphones mobiles chauffait mais cela a été résolu. Quant à l’autonomie, les mobiles GPRS consomment effectivement un peu plus, mais ce n’est pas une surconsommation excessive.

VNUnet : Quels seront les prix pour les utilisateurs ?Manuel Guazzatti : Par souci de confidentialité, je préfère ne pas donner de date ni de prix pour les premières offres commerciales. Nous voulons développer les usages et les services, et il y a des chances pour que ce soit moins cher qu’aujourd’hui. La facturation à la durée est un frein, et c’est pourquoi nous aurons une tarification adaptée au volume de données transmises.

VNUnet : Le grand public pourra-t-il se permettre de passer rapidement au GPRS ?Manuel Guazzatti : Evidemment, les premiers terminaux GPRS ne seront pas d’entrée de gamme. Des services ciblés pourraient se tourner d’abord vers les professionnels, mais nous visons très rapidement le grand public. Le saut de l’UMTS est un peu violent pour ce marché. Si bien que le GPRS servira de transition, pour accompagner les gens vers l’Internet mobile.