Le logiciel du FBI enregistre-t-il tout ?

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Carnivore, le logiciel de surveillance des e-mails mis en place par le FBI, pourrait enregistrer tous les messages et pas seulement ceux « filtrés » comme le soutiennent les autorités. C’est ce que dénonce une association de défense de la vie privée alors que, dans le cadre de l’enquête sur le programme, un rapport technique doit être publié ces jours-ci.

Des associations de défense de la vie privée ont porté plainte contre le FBI et son système de surveillance des e-mails, Carnivore. Ce dernier est actuellement examiné dans une enquête suite aux plaintes des associations par un laboratoire dont l’indépendance est largement remise en question (voir édition du 29 septembre 2000). L’équipe doit d’ailleurs publier son rapport ces jours-ci. Et l’animal pourrait être encore plus vorace que ce que l’on pensait. En effet, l’Epic (Electronic privacy information center), association à laquelle le FBI a communiqué des documents très largement censurés sur le logiciel (voir édition du 6 octobre 2000), révèle aujourd’hui que le programme pourrait enregistrer tous les e-mails. Le FBI soutient que Carnivore n’examine que certains messages, en fonction du destinataire, de l’envoyeur ou des informations contenues dans le champ « objet » de l’e-mail.

Sur les documents remis à l’Epic, on peut en effet lire : « Carnivore a été testé en situation réelle [partie censurée] (…) La machine était équipée d’un unique PII à 300 MHz tournant sous Windows NT4 SP6. Il y avait 384 Mo de Ram mais le disque dur était relativement petit avec 1,19 Go [de capacité]. Ce [partie censurée] était équipé à la fois d’un lecteur Zip et d’un lecteur Jaz. Ce PC pouvait enregistrer et archiver de manière sûre tout le trafic non filtré sur son disque dur à [partie censurée]. » Or, ainsi que le rappelle l’Epic, toute la défense du FBI repose sur le fait que Carnivore ne récolterait que les informations « filtrées » correspondant ainsi aux pouvoirs accordés par la justice. Déposant sous serment devant le comité judiciaire du Sénat américain, un responsable du FBI avait assuré que les informations non filtrées étaient « totalement détruites ; elles ne sont pas collectées, enregistrées ni stockées » affirmait-il.