Le logiciel libre entre dans « une phase de maturité », selon l’April

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Cinq mois après l’Aful, l’April (Association de promotion et de défense du logiciel libre) présente les modèles économiques et les perspectives du logiciel libre.

Il est parfois difficile de s’y retrouver dans la diversité d’acteurs et de communautés concernés par les logiciels libres. Les analyses sur le sujet sont nombreuses mais rares sont les études offrant un panorama de tout l’écosystème, qui plus est en mettant l’accent sur les entreprises françaises.

C’est l’exercice auquel s’est livrée l’April (Association de promotion et de défense du logiciel libre) dans un nouveau livre blanc sur « Les modèles économiques du logiciel libre ». Les « néophytes » y découvriront un débroussaillage des origines de ce mode de production et de distribution de logiciels. Les utilisateurs les plus avancés et les entreprises y trouveront également des réponses à des questions récurrentes sur les fondements économiques de ce modèle.

« Peut-on dire qu’il s’agit d’une mode entretenue par les sociétés de services et les cabinets de conseil pour tirer la couverture à eux au détriment de l’édition commerciale ? » s’interrogent, par exemple, les auteurs dès la préface. Dans une partie sur les modèles économiques, l’association concède que « Le logiciel libre a redonné à l’ingénierie une nouvelle vigueur en mettant à disposition tout un ensemble de technologies fortement paramétrables et de composants réutilisables, personnalisables, qui sont autant de commodités en libre accès sur l’Internet ». Des technologies qui conduisent selon elle à « une montée inéluctable de la valeur ajoutée associée au service ».

Editeurs, distributeurs et SSII

L’April distinguent toutefois trois grandes catégories d’intervenants sur la chaîne de valeur du logiciel libre. Les éditeurs, tout d’abord, qui dégagent, d’après elle, « leurs revenus des besoins de standardisation recherchés par les clients, tant dans les logiciels que dans les besoins d’évolutions ». Viennent ensuite les distributeurs (qui fournissent des suites complètes et packagées, à l’instar de Red Hat) et les SSII, qui tirent leurs revenus du déploiement et de l’intégration des logiciels libres.

Dans son rapport, l’April a positionné 45 sociétés intervenant à des degrés divers sur le marché du logiciel libre en fonction de leur métier et du chiffre d’affaires qu’elles réalisent sur ce segment. 23 (soit 51% du panel de sociétés interrogées) figurent dans la catégorie des entreprises ayant un chiffre d’affaires inférieur à 200 000 euros. Parmi elles, on trouve essentiellement des sociétés de services (Pragmatic, Apitux ou Zefyris, par exemple) et une SSLL intervenant à la fois dans l’édition et l’intégration (Kelis).

Les sociétés faisant valoir un chiffre d’affaires compris entre 200 000 et 1 million d’euros sont moins nombreuses. Au nombre de douze, elles comptent à la fois des éditeurs (Entr’Ouvert, Zend Technologies et Emencia) et des sociétés de services (Anaska, Logilab ou Netaktiv).

En haut de la pyramide, une dizaine d’entreprises revendiquent un chiffre d’affaires supérieur à un million d’euros, dont une « petite » moitié d’éditeurs (Sun Microsystems, Wallix ou Mandriva) et une autre moitié de sociétés de services (AlterWay, Steria ou encore Alcôve).

Développement de modèles « hybrides »

Reste que le logiciel libre entraîne un « rééquilibrage du contrôle de la technologie […] en faveur des clients finaux qui réclament davantage de ‘progicialisation’ ainsi que des modes de consommation à la demande (SOA, SAAS) pour industrialiser les déploiements et la maintenance », selon l’April. L’association estime que ce rééquilibrage conduit à l’émergence « de modèles hybrides d’édition de logiciels, de distribution et d’intégration spécifique très orientés sur une économie de services ». Il devrait aussi contraindre « les acteurs de l’informatique propriétaire (éditeurs, intégrateurs…) » à « ouvrir leurs offres et adapter leurs modèles économiques en recréant de la valeur sur l’innovation et non plus sur la ‘rente' ».

Quant aux perspectives du marché du libre d’ici 2010, l’association considère qu’il va sortir de la confidentialité pour entrer « dans une phase de maturité, de structuration et de consolidation ». Et répondre ainsi « à une demande plus globale, à des tailles de projets plus importantes ainsi qu’à la professionnalisation du marché ». Mais les « champions industriels 100% libre » attendus, garants de son développement, seront-ils au rendez-vous ?

Le consortium QualiPSo organise une première conférence internationale sur la qualité de l’open source
Du 16 au 17 janvier 2008, le consortium international QualiPSo (fédérant de grands acteurs industriels comme Bull, Siemens, Thales et des institutions gouvernementales) organisera à Rome une conférence sur la qualité de l’open source : « Développer la confiance dans les Logiciels Libres ». Organisée en partenariat avec la Commission européenne, cette conférence doit offrir un « lieu de débat et d’échange sur les moyens d’accroître et de garantir la confiance dans les logiciels libres », mais aussi de garantir leur « interopérabilité » ou le développement des réseaux de compétences et de « forges logicielles de nouvelle génération ».