Le logiciel libre gagne l’infrastructure informatique

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Linux s’impose à grands pas dans les entreprises. Pour autant, sont-elles prêtes à baser leur infrastructure informatique sur des logiciels libres ? Bull et le consortium Objectweb font ce pari…

Tous les cabinets d’étude le constatent : Linux, et plus généralement les logiciels libres, gagnent en légitimité auprès des entreprises. Cela se traduit entre autres par une progression très sensible, trimestre après trimestre, de la part de marché des serveurs Linux. Du coup, tous les constructeurs commercialisent des serveurs Linux. C’est également le cas du français Bull, dont l’engagement auprès de Linux et du logiciel libre n’est pas récent : cela fait désormais plusieurs années qu’il livre des serveurs certifiés Linux. Bien que son avenir reste incertain, l’heure est néanmoins venue pour lui d’aller plus avant dans cette voie, et donc d’enrichir l’offre applicative Open Source associée à ses serveurs, laquelle se voit en outre complétée d’un support technique. « Les entreprises sont mûres pour déployer une infrastructure informatique basée sur des logiciels libres. Mais elles ont besoin d’être aidées pour le faire en toute sécurité », commente Boris Auché, responsable marketing de l’offre produit et services chez Bull.

Cette « aide » apportée par Bull se concrétise par une offre baptisée Linuxexpress. L’idée est de proposer des packages présentés comme faciles à installer. La segmentation adoptée est la suivante : le premier package est très classiquement un environnement permettant de déployer un site Web ; il intègre le serveur HTTP Apache, un serveur proxy, des outils de commerce électronique, des solutions DNS, NAT et de partage de charge, un pare-feu et des outils d’administration. Le deuxième package a pour objectif le déploiement d’applications de travail collaboratif ; il comprend un annuaire OpenLDAP, une messagerie, des outils de workflow, une base de données, des outils centralisés de partage de fichiers et d’impression, un pare-feu et des outils d’administration. Destiné aux grandes entreprises, un troisième package vise à placer en clusters les serveurs Web ou de messagerie précédemment cités.

La trilogie Objectweb

Plus fort, Bull s’attaque au coeur du système d’information avec un quatrième package constitué des logiciels d’infrastructure Open Source du consortium Objectweb. C’est l’occasion de mettre un coup de projecteur sur cette initiative originale. Constitué il y a près d’un an par Bull, France Télécom R&D et l’Inria, le consortium Objectweb a pour but de promouvoir et de faire évoluer une plate-forme de logiciels libres développés par ses membres fondateurs. Il s’agit du serveur d’applications Jonas, de l’ORB (Object Request Broker) Jonathan et du JMS (Java Messaging Service) Joram. Ces trois logiciels peuvent fournir une base pour déployer des applications distribuées ou constituer un intergiciel (middleware en anglais) générique assurant le lien entre les bases de données et les logiciels d’application. Ce socle devrait à l’avenir s’enrichir de nouvelles fonctionnalités d’intégration, de portail, d’un environnement de développement?, suivant en cela l’évolution des serveurs d’applications du marché qui tendent à devenir des « tout-intégrés » d’infrastructure.

A l’évidence, l’initiative Objectweb est intéressante. Mais peut-elle bousculer un marché déjà bien verrouillé, notamment par BEA (Weblogic) et IBM (Websphere) ? Le meilleur argument plaidant en sa faveur est évidemment d’ordre économique. On attend toutefois avec impatience les premières références. C’est l’objectif du package en question : stimuler des déploiements significatifs.

A l’avenir, Bull compte lancer d’autres packages, en association avec des éditeurs privés cette fois, pour proposer, par exemple, une base de données Oracle en cluster ou une offre de portail…