Le mail comme outil d’étude sociologique

Mobilité

En 1967, un sociologue américain décrivait le « small world phenomenon » en montrant qu’il existait en moyenne 6 intermédiaires entre deux personnes. A l’heure d’Internet, des équipes de scientifiques tentent de prouver cette théorie en s’appuyant notamment sur l’e-mail.

Qui n’a jamais rencontré par hasard un « ami d’ami » ? « Le monde est petit » comme on dit, le prouver c’est une autre paire de manche. Or, le développement d’Internet et de la messagerie électronique ouvre de nouvelles perspectives, des études sont en cours. En 1967, le sociologue américain Stanley Milgram de l’université d’Harvard réalise une expérience qui fera date (il est connu également pour ses travaux sur la soumission à l’autorité). A l’époque il sélectionne au hasard 300 personnes dans le Nebraska et invite chacune d’entre elles à faire parvenir une lettre à un destinataire précis qu’elles ne connaissent pas résidant dans le Massachusetts. Les volontaires doivent transmettre le pli par le biais d’une connaissance qu’ils pensent la plus proche du destinataire (de par son lieu de résidence, sa profession, ses hobbies, etc.). Au total Stanley Milgram recense 60 chaînes composées en moyenne de 6 personnes, d’où les « 6 degrés de séparation ». Depuis l’expérience n’a jamais été reproduite à grande échelle, elle n’a jamais été réellement démontrée. Mais Internet et les messageries électroniques offrent aux scientifiques de nouveaux outils. Ainsi aux Etats-Unis le département de sociologie de l’université de Columbia a lancé un projet de recherche sur le sujet, baptisé « Small world research project ». Il se déploie à l’échelle du globe, les sociologues ayant déterminé des destinataires à travers le monde, de différents âges, origines ethniques, professions et milieux socio-économiques. Et cette fois-ci il ne s’agit plus de lettres mais d’e-mails ; on imagine bien comme le courrier électronique peut faciliter ces travaux.

La topographie sociale de l’Internet

D’autres équipes travaillent sur le même sujet, c’est le cas notamment pour l’« Electronic Small World Project » mené par la National Science Foundation et l’Ohio State University. Le but ici est de réaliser une image de la « topographie sociale » d’Internet. « Cette carte sociale nous aidera à comprendre de quelle manière transitent les informations à travers la société, comment les différents types de gens sont reliés, et à quel point le monde social dans lequel nous vivons est petit » expliquent ses auteurs. Ils invitent à remplir un questionnaire très détaillé sur son profil personnel avant de finir par une liste des 8 adresses e-mails des personnes avec lesquelles sont le plus fréquemment échangés des courriers électroniques. En attendant de connaître les résultats de ces études, on peut s’amuser avec l’« Oracle de Kevin Bacon« . Ici l’idée est de trouver la relation entre n’importe quel acteur et Kevin Bacon (qui a joué dans Footloose par exemple et récemment dans l’Homme invisible, « Hollowman » en anglais). On découvre ainsi que Gérard Depardieu possède une relation de degré 2 avec Kevin Bacon, il a en effet joué dans « Décroche les étoiles » (« Unhook the stars ») aux côtés de Clint Howard, lequel figurait au générique de « Mon chien Skip » (« My dog Skip ») avec Kevin Bacon.