Le PowerPC 970 d’IBM sort de l’ombre

Mobilité

La puce dévoilée par IBM à destination des serveurs et des ordinateurs haut de gamme s’avère un monstre de technicité. Elle apparaît également comme une nouvelle étape dans la maturité de l’industrie de la microélectronique et signale le début d’une course vers le traitement en 64 bits. Ce PowerPC embarque également le Velocity Engine cher à Apple, autre nom pour les instructions SIMD embarquées. Détails et caractéristiques.

Comme prévu (voir édition du 11 octobre 2002), la division Microelectronics d’IBM n’y est pas allée avec le dos de la cuillère en dévoilant son arme pour le marché des petits serveurs et des machines de bureau haut de gamme. Le PowerPC 970 n’est ni plus ni moins qu’un processeur basé sur le très puissant Power4 conçu, lui, pour le marché des grands serveurs. Et le petit dernier se paie même le luxe d’être plus puissant que son aîné pour certaines tâches, du fait de sa plus grande permissivité en matière de taux d’erreur.

De l’architecture du Power4, quelques éléments ont effectivement été repris quand d’autres ont disparu : le deuxième coeur de calcul est bien passé à la trappe, tout autant que l’interconnexion de processeur à processeur. Mais la mémoire cache L2 est toujours là, bien que retaillée à 512 Ko, et l’interface du bus a été optimisée en conséquence. Un ajout, et de taille, marque une profonde différence : l’apparition d’une unité vectorielle, compatible AltiVec (ou devrait-on dire plutôt Velocity Engine, ainsi que le nomme Apple ?). Les 162 instructions vectorielles sont donc là, et bien là. Codéveloppées par Motorola et IBM, les instructions SIMD (Single Instruction Multiple Data ? instruction unique, données multiples), portent seulement des sobriquets différents suivant qu’elles sont nommées par Apple, Motorola ou IBM.

64 bits, mais compatible avec le 32 bits

Et cela ne s’arrête pas là ! Le PowerPC 970, est également un processeur 64 bits, traitant deux fois plus de « mots informatiques » par cycle d’horloge que les actuelles puces. L’introduction d’un tel processeur donne en fait le coup d’envoi d’une nouvelle ère de l’informatique où les puces 64 bits vont être conduites à prendre le relais. A l’instar d’AMD, IBM a fait le choix de conserver une compatibilité 32 bits matérielle qui permettra aux applications actuelles de tourner en mode natif. Une démarche contraire à celle d’Intel avec son processeur Itanium ; le fondeur ayant fait le choix de l’émulation. Dans les deux cas, de toute façon, une recompilation en 64 bits sera nécessaire pour que les applications profitent à plein de toute la puissance de la nouvelle puce. « Notre but, avec le PowerPC 970, était de permettre le multiprocessing symétrique tout en supportant toujours le code 32 bits avec un haut niveau de performances. Des modifications sont nécessaires pour porter les systèmes d’exploitation 32 bits vers un processeur 64 bits, mais la liste des changements est courte », a indiqué Peter Sandon, architecte des processeurs PowerPC d’IBM Microelectronics.

Puissant et pas cher ?

Plusieurs fées se sont manifestement penchées sur le berceau du PowerPC 970 : les coûts de fabrication ont été étudiés de près et devraient profiter de la nouvelle usine d’East Fishkill (également connue sous son nom de code « bâtiment 323 ») de Big Blue. Inaugurée en août 2002, elle permet la production de disques de silicium (les célèbres wafers) de 300 millimètres de diamètre. Une technique qui doit permettre une multiplication par 2,5 du rendement (le yield), alors que les coûts de fabrication ne devraient être multipliés que par deux. Autant dire qu’en théorie, produites en quantité, les nouvelles puces sorties d’East Fishkill pourraient coûter moins cher que les actuels PowerPC.

Reste une inconnue : Apple les adoptera-t-elle, et quand ? Si IBM annonce une commercialisation au second semestre 2003, tout laisse à penser que l’usine sera prête pour la production de masse beaucoup plus tôt. De là à penser qu’IBM et Apple sont de connivence sur un lancement de ce processeur bien avant les délais envisagés, comme la Pomme a pu le faire avec Motorola (voir édition du 11 janvier 2001), il n’y a qu’un pas !