Le prochain processeur de Mac viendra-t-il d’IBM ?

Mobilité

L’amélioration du moteur des Mac recommence à tarauder les esprits : la firme de Cupertino serait en train de travailler main dans la main avec IBM à la mise au point d’une nouvelle génération de puces destinées à succéder aux G4. Les mouvements de contournement du monopole de Microsoft par IBM accentuent l’impression que Big Blue chercherait à initier un mouvement de fond dans lequel il entraînerait Apple.

GPUL ou GigaProcessor UltraLite (giga-processeur ultra-léger). Tel est le sobriquet d’une puce issue des ateliers de fabrication d’IBM, que seraient en train de tester les équipes d’ingénieurs de Cupertino, selon Matthew Rosenberg d’eWeek. Ce dernier indique disposer de détails émanant de partenaires proches de l’équipe PowerPC d’IBM. « Nous nous attendons à ce que cette puce forme la base de la future stratégie 64 bits d’Apple », indique de son côté Peter Glakowsky, rédacteur en chef d’une revue spécialisée, Microprocessor Report. Vrai qu’en matière de stratégie processeur, Apple paraît s’être embourbée (voir édition du 23 juillet 2002) !

La puce en question pourrait être présentée au Microprocessor Forum de San Jose en octobre prochain. IBM tiendra une session spéciale le 15 octobre, intitulée « Franchir les barrières du calcul intensif ? le nouveau processeur 64 bits PowerPC d’IBM ». Le titre de cette présentation est significatif : même si aucune information n’a filtré pour le moment sur les travaux d’IBM dans le domaine, la firme n’a pas l’habitude de réaliser ce type de conférence à la légère. En fait, le processeur que Big Blue devrait présenter pourrait bien être un dérivé du POWER4. Une partie des technologies de ce processeur servirait de base au prochain PowerPC. Pour le moment, les seuls indices permettant de valider en partie cette rumeur concernent la poursuite des avancées du géant informatique sur son projet POWER4, dont une version « B » doit sortir en 2003 à une fréquence de 2 GHz.

De nouvelles promesses de performances

Le prochain PowerPC gravé en 130 nanomètres (puis plus tard en 100) serait basé sur une technologie proche, cuivre et SOI (silicium sur isolant), déjà présente dans le POWER4. Toute la différence résiderait dans la taille et la finesse de la puce, qui est décrite comme étant aussi imposante, pour l’instant, qu’un Intel Celeron. En fait, si IBM et Apple suivent la voie tracée par le POWER4, la prochaine puce pourrait bien être multicore, c’est-à-dire disposer de plusieurs coeurs de calcul sur le même processeur. Une particularité dont pourrait tirer parti Mac OS X après recompilation. Les premiers tests réalisés auraient montré qu’une puce prototype GPUL tournant à 1 GHz serait deux fois plus rapide qu’un G4 de Motorola cadencé à la même fréquence d’horloge. D’où la future équation 1 GHz (GX) = 2 GHz (G4), où GX représente la puce sur laquelle travaillerait Big Blue. Des résultats encourageants, d’autant plus que les premières puces seraient attendues à des fréquences situées entre 1,4 et 2 GHz… Beaucoup de conditionnels, toutefois, pour un successeur du G4 qui a tout de l’Arlésienne (voir édition du 12 octobre 2001) !

AltiVec toujours là

L’arrivée d’un nouveau processeur signé IBM dans de prochains Mac n’entraînerait pas pour autant l’abandon d’AltiVec. Le GPUL serait en effet doté d’un groupe de 162 instructions compatibles avec les instructions de calculs vectoriels du Mac. Mais là où les données du problème seraient chamboulées, c’est sur le bus système utilisé par Apple pour utiliser à plein ce nouveau moteur : la firme travaillerait sur un nouveau bus, en remplacement de l’actuel MaxBus, dénommé ApplePI, où PI signifierait Processor Interconnect.

IBM joue contre Microsoft ?

Tout ceci ne signifie pas forcément que Motorola serait éjecté de la planète Mac, ses processeurs restant utilisés dans les lignes de portables. De plus, le GX ne serait pas prêt avant la fin de l’été 2003, soit d’ici un an au moins, alors qu’Apple manque désespérément d’un processeur capable de rivaliser avec la concurrence et que les ventes de ses machines professionnelles s’en ressentent. Un tel partenariat entre Apple et IBM, s’il s’avère, soulignerait de plus l’engagement stratégique d’IBM, qui serait enclin à focaliser son attention sur les logiciels système libres Linux en parallèle, voire au détriment de ses propres systèmes d’exploitation. La prochaine puce 64 bits serait en effet également capable de faire tourner des versions de Linux 64 bits, comme une distribution de RedHat, firme avec laquelle IBM est déjà engagé. Une stratégie de contournement du monopole de Microsoft sur la partie serveur qu’IBM pourrait bien vouloir accentuer en poussant Apple à proposer des offres complémentaires. Un sacré revirement pour les deux sociétés en tout cas, qui avaient chacune lancé leur propre standard informatique au début des années 80 !