Le rêve prend fin pour la Dreamcast

Mobilité

Sega serait sur le point d’abandonner la production de sa Dreamcast. L’arrivée de la Playstation 2 (PS2) de Sony aura été fatale à la première console 128 bits, lancée en 1999. Sega, qui projette de développer des jeux pour la PS2 et la future XBox de Microsoft, pourrait aussi se lancer sur le marché des set-top boxes, combinant télévision, Internet et ordinateur.

Fin 2000, Sony avait déjà vendu 6,2 millions exemplaires de sa Playstation 2 dont 160 000 en France. Le constructeur prévoit d’augmenter sa production pour passer de 1 million d’unités par mois actuellement à 1,4 million, pour atteindre les 10 millions d’exemplaires vendus à la fin mars. Autant dire que la PS2 « cartonne », le nombre considérable de réservations le laissait déjà présager avant sa sortie (voir édition du 23 novembre 2000). Un coup fatal à Sega et sa Dreamcast. La première console de jeu 128 bits, sortie en 1999, s’est vendue, elle, à un peu plus de 6 millions d’unités, dont 220 000 en France. Trop peu. Les résultats de Sega ne s’en remettent pas, le Japonais annonçait il y a quelques mois une perte financière de 242 millions d’euros.

Alors que la Xbox vient d’être dévoilée par Microsoft (voir édition du 8 janvier 2001), on apprend aujourd’hui que Sega pourrait stopper la production de son joujou. « Nous examinons la possibilité de restructurer les activités hardware de Dreamcast au niveau mondial pour la prochaine année comptable et mettre fin à la production de la console Dreamcast est l’une des options », a déclaré un porte-parole de la société cité par Reuters, qui a ajouté qu’une décision finale interviendrait aussi tôt que possible, vraisemblablement d’ici la fin du mois. Selon Reuters, un analyste japonais estime que Sega perd de 5 000 à 10 000 yens (300 à 600 francs) par console depuis qu’il les commercialise avec une marge minimale. Pour faire face à l’arrivée de la PS2, Sega avait en effet diminué le prix de sa Dreamcast de 25 % (voir édition du 10 octobre 2000).

A 1 690 francs, la Dreamcast est bien moins chère que la PS2 qui vaut près de 3 000 francs. La différence est moins nette avec la Playstation, dont le prix de lancement était de 2 290 francs, mais elle a été habilement remplacée par un plus petit modèle, la PS One, qui ne vaut que 790 francs pour les mêmes caractéristiques que sa grande soeur (voir édition du 8 décembre 2000). L’annonce de la Xbox de Microsoft et de la future GameCube de Nintendo n’a fait qu’enfoncer le clou (voir édition du 25 août 2000).

Un recentrage sur le logiciel

Aujourd’hui Sega entend se concentrer sur les jeux, un domaine dans lequel son savoir-faire n’est plus à prouver. Des projets de développement sont en cours pour approvisionner les concurrents, la PS2 et la Xbox. Du côté du matériel, le représentant de Sega aux Etats-Unis a laissé entendre que sa société s’intéressait au marché des set-top boxes, les décodeurs nouvelle génération, un combiné entre ordinateur et télévision avec accès Internet. La firme japonaise pourrait aussi fournir des contenus pour d’autres terminaux tels que les téléphones mobiles ou les ordinateurs portables. Des intentions saluées par les analystes qui voient ce changement de stratégie comme inévitable, Sega ne possédant pas les moyens nécessaires pour investir dans le développement et la fabrication des coûteuses consoles. Ces mêmes analystes voient en l’abandon de la Dreamcast une bonne nouvelle, à la fois pour Sony et pour Sega lui-même. D’ailleurs le cours de l’action de la société a fait un bond de près de 16 %.

Voir aussi : Notre tableau comparatif des consoles