Le trublion New.net apporte ses suffixes à l’Europe

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En marge du système géré par l’Icann, New.net commercialise plusieurs dizaines de noms de domaine de premier niveau. Depuis début août, la société propose des extensions en français. On peut ainsi enregistrer des adresses en « .arts », « .mp3 », « .club », « .cie », etc. Véritable opportunité ou simple coup commercial ? Andy Duff, directeur marketing de la société, répond à nos questions.

New.net fait figure de trouble-fête dans l’univers des noms de domaine. Alors que l’Icann a mis en place, avec plus ou moins de succès, l’introduction de nouveau noms de domaine de premier niveau (gTLD pour « generic top level domain names) tels les « .biz », « .info » et « .name » (voir édition du 20 août 2001), la société américaine a débarqué sur le marché des noms de domaine en mars dernier. A l’époque, elle s’est lancée en proposant 20 gTLD (voir édition du 6 mars 2001), auxquels elle a depuis ajouté une dizaines d’autres extensions employées en langue anglaise. On trouve ainsi « .chat », « .ltd », « .sport », « .club », « .mp3 », « .free », « .shop », « .video », « .game », « .love », « .golf », « .auction », pour n’en citer que quelques-uns. La jeune société a débarqué sur le marché européen fin juin en s’implantant en Grande-Bretagne (voir édition du 21 juin 2001). Aujourd’hui, New.net s’adresse non seulement aux internautes anglais, mais aussi espagnols et portugais. La société est aussi présente en France depuis fin août grâce à des partenariats avec Domainoo et Sedo. Les francophones peuvent ainsi profiter de 20 suffixes, certains « communs » avec les anglo-saxons tels les « .club », « .cie » ou « . mp3 », d’autres exclusivement en langue française ou presque comme « .gratuit », « .amour » ou « .jeu ». L’enregistrement d’un nom pour une période d’un an coûte 35 dollars (environ 39 euros). L’adresse est accessible à tous les internautes dont le fournisseur d’accès a passé un accord avec New.net. Sinon, l’internaute doit télécharger un plug-in pour son navigateur pour pouvoir accéder aux domaines proposés par New.net.Andy Duff est directeur marketing de New.net, filiale de Idealab!, tout comme DotTV, la start-up américaine qui commercialise les « .tv » (voir édition du 29 novembre 2000). Il a accepté de répondre aux questions de VNUnet.Qu’apporte la solution de New.net ?Nous souhaitons offrir aux consommateurs plus de choix. Plus de 98 % des noms de l’Oxford English Dictionnary sont déjà utilisés. Il est très difficile de trouver une bonne adresse en « .com » et l’Icann a été très longue à lancer de nouveaux TLD. Notre but est d’introduire de nouvelles extensions et laisser le choix aux internautes.Ne pensez-vous pas créer une demande ?Je ne pense pas, nous répondons à un besoin qui n’a pas été satisfait depuis des décennies et que l’Icann n’est pas parvenue à combler. En 1982, il y avait un millier d’ordinateurs sur l’Internet, c’est à cette époque que le DNS a été créé [le système des noms de domaine, Ndlr] et avec lui les « .com », « .net », etc. Aujourd’hui, nous nous trouvons dans un environnement complètement différent. Jon Postel, qui a créé le DNS, a déclaré en 1996 qu’il devrait y avoir 150 gTLD. Le créateur du BIND, Paul Vixie, pense qu’il n’existe aucune raison pour qu’il n’y ait pas un million d’extensions derrière le point. Il est possible d’augmenter le nombre de gTLD, mais un déficit artificiel a été créé car les grandes sociétés sont soucieuses de protéger leurs marques déposées. Nous les comprenons mais en même temps, il faut avoir à l’esprit qu’Internet appartient aussi aux utilisateurs et pas seulement aux grosses sociétés. Les conflits liés aux noms de marques déposés sont moins courants qu’il n’y paraît. Mais les grosses sociétés sont très puissantes et leur voix porte loin.Quelle alternative à l’organisation actuelle des noms de domaines proposez-vous ?Nous sommes pour la coopération. L’idée selon laquelle la seule manière de gérer le DNS est d’avoir une autorité centrale unique administrant tous les noms de domaines n’est pas réaliste. Nous souhaiterions une autorité centrale coordonnant une activité libre et basée sur le marché. Il y aura toujours besoin d’une autorité de coordination technique, mais l’Icann – dont c’était la mission à sa création – s’est fortement impliquée dans la politique. Ainsi, les contrats pour le « .info » ou « .biz » sont des documents très épais, de vrais pavés qui précisent des choses comme combien doit être dépensé en marketing, quel type de Sunrise period est prévue, etc. Nous pensons que c’est largement trop régulé. Nous avons prouvé en cinq mois qu’il n’est pas difficile de créer de nouveaux TLD. Réguler le comportement de sociétés qui fournissent plus de choix aux consommateurs ? Nous ne pensons pas qu’il s’agisse de la bonne chose à faire. Nous participons aux réunions de l’Icann et discutons avec ses membres. Certains pensent que ce que nous faisons est une saine contribution au développement d’un Internet différent de celui qui existe aujourd’hui. C’est le progrès !Que pensez vous de ce que propose RealNames ?J’ai rencontré le PDG de RealNames à Stockholm, lors du meeting de l’Icann. Leur solution est purement une question de nommage et n’a rien à voir avec les noms de domaine comme nous en proposons. Son application est limitée parce qu’elle est liée à Microsoft, même s’il dispose de quelque chose comme 93 % du marché. Notre couverture est sans limite à mesure que nous nouons des partenariats avec les FAI. C’est une société intelligente. Mais nous pensons que les consommateurs comprennent les « .quelque chose », comprennent la valeur d’une extension.Que se passera-t-il si une autre société propose les mêmes extensions que New.net oeun nom de domaine n’a de valeur que si les consommateurs peuvent le voir, c’est pour cette raison que nous passons des partenariats avec les FAI. Il existe un très grand nombre d’extensions possibles, nous n’en n’avons pas lancé des millions, juste trente. Nous ne pensons pas qu’il soit économiquement censé pour une société de commencer à commercialiser les mêmes extensions que nous.Que pensez-vous alors de l’exemple du « .biz », le gTLD qui avait été lancé par une autre société que celle désignée par l’Icann ? La situation du « .biz » est très intéressante parce que Leah Gallegos avait lancé son affaire puis l’Icann a sorti cette extension parce qu’ils pensaient être les seuls pouvant autoriser de nouveaux TLD. L’Icann n’aurait pas dû faire ça, mais ils l’ont fait. Seules 10 000 personnes avaient accès au « .biz » et bien qu’elle possédait ce business – et je pense qu’il aurait dû être respecté – elle ne bénéficiait pas du niveau de couverture dont nous disposons. Notre solution nous a permis de rendre nos noms de domaine réellement profitables et utilisables par les consommateurs car ils savent que 64 millions d’internautes peuvent accéder à ces noms de domaine et que nous visons les 100 millions d’ici la fin de l’année. Nous n’aurions jamais lancé de « .biz », ou n’importe quel TLD de l’Icann comme le « .fr » ou même le « .france ». Nous ne voulons pas nous impliquer dans les TLD géographiques, nous cherchons à proposer des noms de domaine descriptifs.