Le Web secoue les banques

Mobilité

Les banques n’ont pas d’avenir en ligne. C’est la teneur du débat du GMCF, le Global Mobile Commerce Forum, qui opposait à Londres ceux qui réfutent cette affirmation, à ceux qui argumentent que l’économie a besoin de services bancaires, mais pas nécessairement des banques?

Les nouvelles technologies vont-elles tuer les banques ? « Le secteur bancaire est loin d’être sur son lit de mort… Les banques ne sont pas des dinosaures menacés d’extinction par un changement climatique. Mais des espèces en bonne santé capables d’évoluer avec leur environnement », objecte Hugh Kingdon de la Barclaycard. Et dans la droite ligne du « no future », David Birch, Directeur de Consult Hyperion clame : « L’existence première des banques telles que nous les connaissons est en danger ». Selon lui, les nouvelles technologies impliquent que d’autres organisations peuvent assumer les fonctions traditionnelles de la banque efficacement, comme les opérateurs de téléphonie mobile qui affichent un potentiel de désintermédiation avec ces institutions. Hugh Kingdon répondait que les opérateurs mobiles figuraient en bas de la liste des menaces recensées depuis ces cinq dernières années, bien après les courtiers en ligne : »Les banques ont surmonté les défis de l’ATM (du distributeur automatique), de la banque directe, des cartes à puce et maintenant de l’Internet. Elles ont devancé la révolution de l’e-commerce bien plus qu’elles ne l’ont adoptée ». Il souligne leur crédibilité et leurs taux de « rétention » de clients qui contrastent favorablement avec le taux moyen de désabonnement des opérateurs mobiles évalué à plus de 30 %. « La véritable leçon de l’Internet », dit-il, « c’est la nécessité de monter des partenariats ». En bref, à la confrontation, il oppose la coopération : « Les vainqueurs ne seront ni les banques ni les opérateurs de télécommunication. Ce seront ceux qui travaillent ensemble pour entrer sur le marché les premiers ». Pour autant, le phénomène de désintermédiation a déjà été observé. Nadia Sarri de la cellule de veille de l’Atelier Paribas en rendait déjà compte l’été dernier dans un rapport, « L’introduction en Bourse sur l’Internet », avec l’apparition de « nouvelles banques » plus réactives. Parmi elles, Net-IPO, la banque d’affaires européenne spécialisée dans les IPO (Initial Public Offering) sur le net, les introductions en Bourse sur Internet. Particularité ? Net.IPO crée un lien direct entre la société émettrice et les particuliers ? démocratise donc l’investissement, un domaine habituellement réservé aux investisseurs professionnels ? et abaisse les coûts d’introduction en Bourse. Cotée sur le premier marché boursier de la Bourse de Francfort, net.IPO enregistre un bon nombre d’émissions réalisées sur le Neuer Markt… Mieux : aux Etats-Unis, les « road shows », ces présentations classiques aux investisseurs précédant les IPO se déplacent sur le Web. Pour avoir la preuve de la création d’une bourse parallèle en streaming vidéo, un petit tour sur Netroadshow s’impose.De plus, les six fonctions clés bancaires ? le paiement, le prêt et l’investissement, le financement, la gestion du risque, et la certification des échanges de l’e-commerce ne sont plus l’apanage exclusif des banques traditionnelles. On le voit avec les acteurs apparus pour gérer les flux financiers des eMarketplaces, des places de marché virtuelles comme XRT-CERG (voir édition du 2 juin 2000) Et, selon le Gartner Group, en 2001, ces échanges commerciaux inter-entreprises seront au moins dix fois plus importants que les ventes à l’internaute, (voir édition du 4 avril 2000). Outre la signature de partenariats, les banques doivent aller en ligne. D’ailleurs, 94 % d’entre elles envisagent de le faire dans les prochaines années selon une étude allemande de BBE. Et 45 % des vingt principaux groupes bancaires européens utiliseraient le net pour la fidélisation de leurs clients. Des sites « vitrines » ? Histoire d’accélérer le processus, la Commission Européenne propose de créer des établissements spécifiques, dits « Electronic Money Institutions » ou EMI. Une opportunité pour les banques de former des filiales avec les opérateurs mobiles, selon David Birch, comme pour les opérateurs de mettre un pied dans leurs fiefs.Pour en savoir plus : * GMC Forum* Barclaycard* Consult Hyperion