Le WiMax débarque en Alsace

Mobilité

Pour l’extension de cette technologie sans fil haut débit, le réseau électrique est mis à contribution pour acheminer les données.

« Comme j’ai pu le constater aujourd’hui, la boucle locale radio fonctionne. Le WiMax permet d’accéder à Internet haut débit avec une excellente qualité de service. » François Loos, ministre délégué à l’Industrie, a inauguré le 22 juillet 2005 une nouvelle expérimentation d’accès Internet à haut débit sans fil dans la commune de Truchtersheim, en Alsace. Adrien Zeller, président du Conseil régional d’Alsace, de Justin Vogel, maire de Truchtersheim et d’André Merlin, directeur de RTE (réseau de transport d’électricité) étaient également présents pour cette première dans la région.

Cette expérimentation fait suite à celles déjà en cours notamment dans l’Eure, l’Orne et en Vendée opérée par Altitude Télécom, également présent sur le projet alsacien. Elle entre dans le cadre de l’appel à projet « Technologies alternatives d’accès à l’Internet haut débit » de la DATAR (délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale).

Rappelons que le WiMax, développé par une quarantaine d’industriels dont Intel au sein du WiMax Forum, est une technologie de communication sans fil de point à point qui permet d’atteindre des débits théoriques de l’ordre de 75 Mbits/s sur une cinquantaine de kilomètres, dans les faits entre 10 et 20 Mbits/s sur un rayon de 20 km, par canal. Du haut débit, donc, qui autorise l’accès à Internet, la téléphonie sur IP, de la vidéo et de service de visio-conférence mais pas encore d’offres de télévision numérique. Comme l’a rappelé le ministre, le Wimax « permet à des territoires non couverts par l’ADSL de profiter d’une offre d’accès Internet à haut débit, simple, performante, abordable ». Voire de se positionner comme une alternative à l’ADSL de France Télécom dans les zones délaissées par les opérateurs Internet alternatifs.

Un second souffle

Pour l’expérimentation, Arteria, une filiale de RTE, a installé une antenne WiMax au sommet d’un pylônes électrique d’une ligne à haute tension. L’émetteur WiMax couvre les localités situées à la ronde. Les données sont ensuite acheminées de l’antenne WiMax vers le « netcenter » de Neuf Télécom à Port-du-Rhin (près de Strasbourg) via les fibres optiques qui longent les câbles électriques. Ensuite, les données transitent sur le réseau de Neuf Télécom jusqu’à Courbevoie en région parisienne où l’opérateur Altitude Télécom assure le lien avec Internet. Alcatel, (pour les équipements et les raccordements de fibres optiques) ainsi que les sociétés locales Electricité de Strasbourg (fournisseur électrique) et Alsace Connexia (pose de fibre optique), participent au projet. A la différence des précédentes expériences, le WiMax de Truchtersheim s’appuie sur le réseau électrique pour le transport des données. Ce qui permettra de démontrer la cohabitation possible entre réseau électrique et informatique et permettra, selon les cas, d’éviter la mise en place de nouveaux support pour les antennes.

Dix utilisateurs ont été sélectionnés pour tester, gratuitement pendant un an, l’offre WiMax de la commune. Des entreprises, des services de la collectivité et des particuliers. La crèche bénéficiera d’une application de gestion de la présence des enfants à la crèche et de l’accueil périscolaire. Les entreprises, des PME essentiellement, profiteront de la symétrie des débit offerte par la technologie Wimax pour l’échange de documents lourds (catalogues, devis accompagnés de photos/plan, etc.) tandis que la mairie en profitera pour tester la transmission d’actes administratifs ou encore des systèmes d’information géographiques. Ils devraient bénéficier, chacun, d’un débit de 2 Mbits/s environ. Il s’agit de vérifier les performances techniques du système et d’en valider les aspects économiques.

A l’issu de la première année, l’expérimentation pourrait être étendue aux communes voisine Wiwersheim, Schnersheim, Kleinfrankenheim, Durnigen, voire la communauté de communes du Kochersberg. Pour l’heure, les conditions des offres commerciales n’ont pas été évoquées. Il restera donc à vérifier que le WiMax réussira là où nombre d’opérateurs de la boucle locale ont échoué au début des années 2000. Avec l’espoir que, selon François Loos, « donner un second souffle aux offres d’accès Internet haut débit ».

Procédure en vue pour l’attribution des fréquences Wimax
Si Truchtersheim bénéficie des fréquences détenues par Altitude Télécom et Arteria (à titre expérimentale), le processus d’attribution des deux licences de boucles locales radio WiMax devrait être dévoilé avant la fin du mois a promis François Loos. Elle s’effectuera en deux temps dans chaque région de France. La première phase démarrera en septembre prochain et sera ouverte aux opérateurs et collectivités locales qui devront, par lettre, détailler leurs motivations. A l’issu de cette première phase, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) constatera « si la demande est supérieure ou non à l’offre disponible de deux fréquences, c’est-à-dire constater la rareté des fréquences », souligne le ministre. Pour les régions qui ne posent pas de problème, les autorisations d’exploitation seront attribuées au fur et à mesure des demandes par l’Arcep. Pour les autres, dont la rareté des fréquences sera avérée, l’attribution s’effectuera dans une deuxième phase qui démarrera début 2006 sur la base de trois critères : la contribution au développement territorial des services à haut débit, l’aptitude du projet à favoriser la concurrence, et le montant de la redevance que le candidat est prêt à payer. La couverture des zones totalement dépourvue d’accès haut débit constituant « le critère le plus important ».