L’EAI cède du terrain face aux PGI et aux serveurs d’applications

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L’EAI n’est plus en odeur de sainteté dans les entreprises, observe le cabinet d’études Yankee Group. Ce domaine applicatif, jadis prometteur, a été grignoté par les progiciels de gestion – les PGI notamment – et les serveurs d’application.

D’après une étude réalisée par le Yankee Group sur le marché de l’intégration interapplicative ou EAI (Enterprise application integration), l’heure n’est plus, pour les entreprises, à se lancer dans de vastes réorganisations de leur système d’information autour de la gestion des flux par le truchement des outils d’EAI. L’utilisation de ces derniers obéit désormais à des impératifs de nature tactique, en somme d’intégration point à point. Or, pour répondre à ce besoin, les éditeurs d’applications de gestion (PGI, CRM…) tels SAP, Peoplesoft et Siebel, ont du reste enrichis leurs produits de fonctionnalités de type EAI, c’est-à-dire qu’ils leur associent des connecteurs, des outils de modélisation des processus et de gestion des flux. Même chose du côté des fournisseurs de logiciels d’infrastructure comme IBM ou BEA Systems. Du coup se pose la question de l’intérêt et de l’avenir de l’EAI. Rappelons que ce domaine applicatif a connu son heure de gloire autour de l’année 2000, à l’époque où prévalait l’enthousiasme pour les dotcoms, la nouvelle économie, l’e-business… Des cabinets d’étude tels le Gartner Group préconisaient alors que les plates-formes d’EAI s’installent au coeur du système d’information, en lieu et place des PGI, au motif qu’elles permettent aux entreprises de gérer les échanges d’information avec leurs partenaires et clients, contrairement aux PGI qui, du fait même de leur conception, sont centrés sur les processus internes de l’entreprise. Un système d’information construit autour d’un EAI présente également l’avantage de pouvoir intégrer facilement de nouvelles applications, voire de réaliser la fusion de deux systèmes d’information lorsqu’une entreprise en rachète une autre.

Deux généralistes survivrontMalgré ces recommandations, il faut bien reconnaître que les responsables informatiques ne se sont pas précipités pour passer à l’action et quand ils l’ont fait, note le Yankee Group, ils se sont heurtés à des problèmes de résistance en interne des personnes concernées. Restructurer un système d’information autour d’un EAI entraîne en effet de vastes bouleversements organisationnels, toujours difficiles à faire accepter. Conséquence : le Yankee Group prévoit que, d’ici la fin 2004, 50 % des ventes de logiciels d’intégration seront réalisées par les éditeurs d’applications de gestion et les éditeurs de serveurs d’applications. Cette proportion passera à 76 % d’ici à 2006, au détriment des pure players de l’EAI auxquels le cabinet d’études conseille de verticaliser leur offre et de se spécialiser dans les secteurs industriels qui utilisent de nombreux logiciels propriétaires comme les services financiers ou les télécommunications… Ce que beaucoup font déjà comme Vitria (voir édition du 5 décembre 2002). Au final, un ou deux éditeurs d’EAI généralistes seulement survivront, estime le Yankee Group qui parie sur Tibco et WebMethods.