Les applications mobiles sous dominance Java?

Mobilité

Java s’impose de plus en plus comme langage de programmation. Il devrait en outre se positionner fortement dans le domaine des applications embarquées, même si des imperfections apparaissent.

Java arrive finalement là où il était attendu, c’est-à-dire dans les applications embarquées. Le but de Java, lors de sa mise au point en 91 par la firme Sun Microsystems, était à l’époque de se positionner comme un langage de programmation pouvant être intégré à tout type d’appareil et notamment dans les applications embarquées. Neuf ans plus tard, c’est désormais chose possible. Nokia et Motorola ont tous deux annoncé vouloir intégrer la technologie Java dans leurs mobiles (voir édition du 9 juin 2000).

Pour Eric Mahet, responsable marketing des technologies Java, la demande de plus en plus forte de nouveaux services nécessite une plate-forme qui puisse intégrer une technologie de type Java permettant d’obtenir un téléphone dit intelligent. « En intégrant Java dans leur mobile, Motorola et Nokia se positionnent déjà sur ce que sera le marché à l’avenir, c’est-à-dire celui de l’UMTS », estime-t-il. Selon lui, Java répond au besoin du marché, mais surtout l’a anticipé. « Il y a encore trois ans, Internet venait à peine de démarrer alors que les premières versions Java pour applications embarquées étaient déjà conçues », précise Eric Mahet.

Trois raisons font que Java est dorénavant la coqueluche des applications embarquées. Jacques Brygier, Marketing Chairman du Jconsortium, un groupe de travail qui planche sur les spécifications de Java, estime que la raison économique est un facteur important. « Java se répandant de plus en plus, la technologie est donc moins chère » explique-t-il. La deuxième raison est plus technique. Déjà présent dans des applications Web, Java permet une vraie connexion, entre des technologies distribuées et des technologies embarquées. Mais surtout Java fonctionne sur plusieurs plates-formes et par conséquent laisse à l’entreprise le choix du fournisseur. Enfin, Java présente des avantages certains en comparaison des autres langages utilisés dans des applications embarquées à savoir les C, C++ et Ada. Si Java est relativement proche de C++, il est toutefois plus simple et plus fiable. Mais surtout, il a été conçu dès le départ pour être portable. « A terme, Java devrait supplanter C++ et coexister avec C et Ada. Il devrait même limiter la croissance de ce dernier », commente Jacques Brygier. Le Gartner Group considère quant à lui que d’ici à 2002, le langage et la plate-forme Java deviendront la technologie la plus répandue dans les applications Web. Java devrait ainsi se positionner outre dans les télécommunications, dans des domaines comme la carte à puce, le transport, la défense ou encore l’aéronautique.

Toutefois Java n’en est pas moins contradictoire. Alors qu’il a été conçu pour les applications embarquées, la Java Virtual Machine (JVM) nécessite beaucoup de code, ce qui reste une contrainte pour toute application embarquée qui requiert des solutions légères. Ce qui se traduit par un « dégraissage » selon Jacques Brygier du langage Java, et d’ajouter qu’une version du type Personnal Java est une version réduite de Java. Autre contrainte de Java, son incapacité à se définir comme un réel langage temps réel. En résumé, ce que Java gagne en portabilité, il le perd en rapidité. Pour le responsable de Marketing des technologies Java chez Sun, aucun problème de vitesse d’exécution n’est à remarquer sur les applications embarquées, car Java ne fait qu’apporter de l’intelligence au terminal.

JavaOne, la conférence des développeurs des technologies Java qui s’est tenue la semaine dernière à San Francisco confirme l’extension du langage Java sur les applications embarquées. Selon Eric Mahet, la conférence a entériné le fait que Java est devenu incontournable. « La Net économie est entièrement développée en Java. Le langage Java est réellement au centre des nouvelles technologies. Il est en même devenu le modèle de programmation et s’impose aujourd’hui comme un langage d’enseignement dans les écoles », résume-t-il.