Les logiciels optimisés réveillent le Pentium 4

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A l’occasion d’une journée de démonstration, Intel a mis en avant les performances de son processeur phare, le Pentium 4. Si l’augmentation de la fréquence est indéniable, les performances reposent plus sur les optimisations des logiciels pour l’architecture NetBurst du processeur que sur sa vélocité. Brèves rencontres avec des éditeurs ayant optimisé leurs applications.

Dix mois environ après la sortie sur le marché du Pentium 4, les premiers logiciels optimisés pour ce processeur commencent à pointer leur nez. A commencer par les jeux. A l’occasion d’un showroom organisé le 19 septembre par Intel, quelques éditeurs ont présenté les versions optimisées de leur titres, exploitées pour les démonstrations sur des P4 à 2 GHz. L’éditeur LionHead montrait alternativement une version de Black & White « patchée » pour le P4 et une autre non optimisée. Graphiquement, le rendu de certains détails (notamment lors d’un zoom sur les montagnes) était clairement plus efficace en « version P4 ». Un travail généralement géré par la carte graphique 3D plus que par le processeur. « A l’origine du développement du jeu, il y a plus de deux ans », précise Jean-Claude Cottier, développeur 3D, « nous avons écrit le code essentiellement pour le processeur central, et non pour les cartes graphiques ». L’amélioration du rendu serait donc purement liée à la puissance du processeur. « En fait, nous avons optimisé les fonctions du jeu les plus utilisées », ajoute Jean-Claude Cottier.

Du côté d’UbiSoft, on confirme le gain de performances autour de la démonstration de Rallye Championship 2002 programmé pour début octobre dans les rayons. « Plus que de véritables performances visuelles, l’optimisation pour le P4 nous permet de gérer un plus grand nombre d’objets dans une scène et une meilleure fluidité », explique un porte-parole de l’éditeur, « nous n’avons plus à faire de compromis sur la qualité graphique du paysage ». On distingue ainsi le travail de rendu, effectué par la carte graphique, libérant alors le processeur pour le calcul des mouvements et de l’interaction. Le jeu n’est pas le seul domaine de prédilection du P4. Le son et la vidéo sont également des applications gourmandes en puissance. Steinberg et MGI l’ont évidemment compris. Le premier présente une version (5.0 R6) « en cours d’optimisation » du logiciel de mixage Cubase. « Le P4 optimise les échanges disque/mémoire vive », témoigne Jean-Marc Thiebaud, directeur général associé, « il offre ainsi plus d’effets audio simultanés ». MGI, de son côté, annonce un VideoWave 4.0 optimisé (en attendant une version 5 du logiciel de montage doté de fonction d’authoring DVD). « Nous obtenons un gain de 40 % sur le rendu et de 55 % sur les effets visuels d’accélération », raconte Olivier Voirin, responsable de MGI France. Mais le résultat le plus impressionnant vient du calcul de rendu d’une scène modelée sous Amapi de TGS. Alors que la version « classique » met une bonne trentaine de secondes avant de générer l’affichage, il en faut à peine 15 avec la version optimisée P4.

Différentes méthodes d’optimisation

Ces gains de performance ne sont pas seulement dûs à l’augmentation des cadences de l’horloge (on le sait, le gain n’est jamais linéaire à la fréquence) mais bien à l’optimisation du logiciel pour tel ou tel type d’architecture processeur. Sans entrer dans les détails, ces améliorations peuvent être obtenues de trois manières principales. D’abord, en exploitant les API (dont celles de DirectX et OpenGL pour l’affichage et le son) mises à disposition par les constructeurs ou éditeurs. Celles d’Intel portent notamment sur la gestion du pipeline par lequel transitent les données entre la mémoire et le processeur. Ensuite, on peut recompiler le code source avec un compilateur spécifique au processeur cible. Microsoft comme Intel proposent les leurs pour divers langages (C/C++, Fortran…). Enfin, il est possible de réécrire entièrement « à la main » l’application en se concentrant sur les « goulets d’étranglement ». L’outil V-Tune d’Intel aide à « repérer » les parties du code « qui posent problème ».

Le P4 est plus rapide – en termes de fréquence – que le PIII, c’est indéniable. Il sera d’autant plus performant avec les logiciels adéquats, c’est ce qu’Intel cherche à prouver à travers les démonstrations du jour. Mais qui, du logiciel ou du processeur, garantira les ventes de l’autre ?