Les musiciens américains partagés sur les échanges de fichiers

Mobilité

Les principaux intéressés par la problématique du peer-to-peer, les musiciens eux-mêmes, ne seraient pas forcément les plus opposés à cet outil.

Selon un sondage effectué auprès de 2 755 artistes entre le 15 mars et le 15 avril 2004 par l’institut Pew Internet & American Life, 35 % des musiciens interrogés ne considèrent pas les services d’échange de fichiers en ligne (peer-to-peer ou P2P) comme un phénomène « mauvais ». Tout simplement parce que ce réseau peut aider les auteurs à se faire connaître. Ils sont en revanche 23 % à juger l’échange de fichiers néfaste et, sans craindre la contradiction, 35 % sont d’accord avec les deux idées.

Plus précisément, ils sont seulement 5 % à penser que le P2P a nui à leur carrière, 35 % à estimer qu’il les a aidés, 8 % à en avoir à la fois bénéficié et été victime, tandis que 15 % n’en ont aucune idée. 37 % estiment enfin que le P2P n’a rien changé à leur travail. Si 37 % considèrent les utilisateurs de Kazaa et autres applications d’échange en ligne comme coupables de piratage, 21 % jugent que personne n’est responsable. D’ailleurs, 60 % pensent que les poursuites judiciaires engagées par la RIAA (Recording Industry Association of America) contre les particuliers ne vont pas leur être bénéfiques. Enfin, 67 % des artistes interrogés estiment qu’ils devraient avoir le contrôle de leur droits, tout en admettant que la loi offre un bon niveau de protection. Mais 59 % avouent penser que la loi protège plus « ceux qui vendent l’art » que les artistes eux-mêmes.

Un sondage représentatif ?

L’institut émet cependant des réserves sur les résultats de ce sondage et prévient qu’il ne le considère pas comme représentatif et transposable à l’ensemble de la population des créateurs de musique. Les résultats n’en sont pas moins parlants. Ils semblent signifier que les principaux intéressés par le problème du P2P ne considèrent pas ce phénomène aussi grave que l’affirme l’industrie du disque. Les artistes américains sont en tout cas beaucoup moins sévères que les particuliers canadiens dont une large majorité, selon un récent sondage commandé par l’industrie du disque locale, assimilent le P2P à du piratage (voir édition du 5 mai 2004).