Les pressions de Xavier Niel consignées dans le rapport Erhel-La Raudiere

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Les députées Corinne Erhel et Laure de la Raudière ont évoqué les « commentateurs attaqués » dans leur rapport sur la filière télécoms et implicitement la dérive procédurière de Xavier Niel.

« Acteurs crispés », « commentateurs attaqués »…L’ombre de Xavier Niel n’est jamais loin.

C’est assez rare pour ne pas le souligner : dans un rapport parlementaire relatif à l’état moribond de la filière télécoms qui a été publié la semaine dernière, les députées Corinne Erhel (PS, Côtes d’Armor) et Laure de la Raudière (UMP, Eure-et-Loir) ont implicitement pointé du doigt la tendance procédurière du dirigeant d’Iliad-Free vis-à-vis des critiques à l’encontre de la stratégie de son groupe télécoms.

Que les critiques soient exprimées via des articles de presse ou des points de vue d’experts diffusés sur des supports médias.

« Au-delà de ces affrontements judiciaires entre acteurs économiques, vos Rapporteures s’inquiètent de l’essor des poursuites engagées à l’égard de commentateurs », précisent-elles d’emblée dès l’introduction du rapport.

Sans expressément citer Xavier Niel, les députées membres de la Commission des Affaires Economiques de l’Assemblée nationale ont rappelé que des « journalistes et chercheurs ont ainsi fait l’objet de poursuites pour avoir exercé leur métier, ou publié des travaux de recherches. »

Elles rappellent « le principe constitutionnel de liberté et d’indépendance des enseignants-chercheurs, de même que les garanties constitutionnelles qui protègent la liberté de la presse. »

Tout en précisant un peu plus loin : « Surtout, les pressions deviennent particulièrement inquiétantes lorsqu’elles ont pour conséquence de provoquer une auto-censure des commentateurs ».

Au-delà du cas de la journaliste des Echos (Solveig Godeluck) accusée par Iliad-Free de diffamation à travers un article de presse (le secrétaire général de Bouygues Telecom Didier Casas est également mis en cause), Le Nouvel Obs est revenu plus récemment sur celui de Bruno Deffains, professeur d’économie à l’université de Paris-II Panthéon-Assas, poursuivi pour dénigrement.

Pour quel motif ? La publication d’un point de vue intitulé « Free: quand l’idéologie de la concurrence dessert l’économie » et diffusé dans Les Echos du 11 juin.

Selon l’hebdomadaire, Xavier Niel considère que cette analyse de Bruno Deffains a été commandée en sous-main par un des opérateurs concurrents. Ce que dément le chercheur visé.

Du coup, « une série de sommations interpellatives » a été enclenchée contre le professeur d’université, ainsi que de multiples visites d’un huissier à son domicile.

« Je n’ai pas été payé pour faire cette étude », affirme Bruno Deffains au Nouvel Observateur. « Je l’ai faite dans le cadre de mes recherches universitaires. »

Plus surprenant : Free Mobile a demandé au tribunal de grande instance (TGI) de Paris de fouiller l’ordinateur de l’universitaire en vue d’engager une procédure pour dénigrement.

La requête a été acceptée par la justice. Une audience voire une décision est prévue à ce sujet début mars.

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