Les raisons de l’optimisme de Microsoft pour le Mac

Mobilité

Malgré une part de marché en recul côté Mac, Microsoft renforce sa présence sur cette plate-forme et parie sur une certaine croissance d’Apple. Stratégie oblige.

Surprise la semaine dernière : selon Jonathan Hulse, un responsable marketing pour produits grand public du premier éditeur mondial, Microsoft « anticipe une croissance des ventes de Mac sur les deux ou trois années à venir ». Une petite phrase qui fait bondir, alors même que la part de marché des machines vendues par Apple apparaît en retrait pour 2003. Et Hulse de préciser à nos confrères de MacWorld UK que Microsoft s’attend à voir la part de marché d’Apple croître. « Nous ne nous attendons pas à une résurgence de la part de marché dont Apple disposait dans les années 80, mais nous voyons la plate-forme progresser dans la bonne direction. » C’est la deuxième fois en deux ans que Microsoft soutient ouvertement la plate-forme Mac. L’année dernière, la firme de Redmond avait jugé qu’Apple ne mettait pas suffisamment en avant son système d’exploitation Mac OS X (voir édition du 16 juillet 2002). La raison du soutien de Microsoft n’est pas philanthropique : la moitié des utilisateurs de Mac utilise la suite Office (voir édition du 21 septembre 2001). Un marché d’au moins 7 millions de clients, selon Scott Ericksson, responsable en chef des produits Mac chez Microsoft, interrogé à l’occasion de MacWorld San Francisco (voir SVM Mac n° 158, actuellement en kiosque). Une clientèle qui débourse actuellement entre 180 et 640 euros pour la totalité de la suite ! Une véritable manne, du fait de la position privilégiée de cet outil bureautique sur le marché. Une estimation basse permet de chiffrer au minimum à 500 millions d’euros par an les revenus pour Microsoft de cette version Mac de l’application.

Mais les raisons de cet enthousiasme masquent aussi une prise de conscience : Windows XP ne profite pas du même taux de croissance que Mac OS X ! Sorti presque en même temps, XP a été adopté par moins de 19 % des utilisateurs de PC, quand près de 40 % des utilisateurs de Mac avaient déjà migré à OS X. Refus de la politique de prix de Microsoft, doutes après la vague de virus connue depuis l’été dernier, faible valeur ajoutée de la dernière mouture de Windows, les utilisateurs de PC ont de nombreuses raisons pour ne pas se ruer sur XP. D’autant que l’arrivée des processeurs 64 bits pourrait obliger à une nouvelle mise à jour (voir édition du 30 janvier 2004). Dans le même temps, Microsoft a bien compris que la position des fondeurs de puces doit évoluer. L’éditeur a déjà annoncé qu’il fournirait une version de Windows pour la plate-forme x86-64 d’AMD, après avoir développé une version destinée à l’Itanium d’Intel. Cette multiplication des versions du système d’exploitation pourrait, à terme, faire s’envoler les coûts de support. Un problème d’autant plus crucial que le cycle d’achat des utilisateurs d’ordinateurs tend à s’allonger.

La menace Linux

Enfin, l’engouement de Microsoft pour le Mac pourrait aussi s’expliquer par la vague Open source. Apple et Mac OS semblent moins menaçants pour Microsoft que Linux et son modèle de fonctionnement. La firme de Redmond est sans doute au fait qu’IBM prépare une version pour ordinateur personnel de Linux (nom de code Blue Linux), prévue d’ici deux ans. IBM semble d’autant plus active dans ce domaine que l’entreprise recommande désormais l’utilisation de machines dotées de ses propres processeurs pour l’utilisation de Linux. Une page dédiée aux développeurs a été mise en ligne sur le site de Big Blue. Une inquiétude vis-à-vis de la propagation d’un système d’exploitation gratuit capable de remplacer Windows naîtrait-elle à Redmond ? On imagine bien qu’avec un IBM poussant la réalisation d’une interface utilisateur correcte pour Linux, Microsoft peut craindre le pire. Au contraire, le soutien du Mac est plutôt bénéfique : Microsoft peut en effet espérer vendre tout autant ses propres logiciels portés sur le système d’Apple que ses applications fonctionnant au travers de son émulateur Virtual PC 7, bientôt disponible sur le Mac. Une position qui lui permet de gagner à tous les coups, que ses clients utilisent des PC ou des Mac !