Les relations paradoxales de Microsoft et Apple

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A l’heure où le patron de l’équipe de développement Mac de Microsoft quitte ses fonctions, le géant des logiciels lance une campagne soulignant la compatibilité entre univers PC et Mac ! Une réponse à la campagne de migration entamée depuis cette année par Apple et une façon de rappeler que l’éditeur est présent sur ce marché depuis sa création !

Mac et PC feraient-ils copain-copain ? A en croire la dernière campagne publicitaire de Microsoft aux Etats-Unis, on a bien l’impression, en effet, qu’ils n’ont jamais été si proches. On y voit un iMac à écran plat en compagnie d’un PC de bureau jouant aux échecs au bord d’une piscine, mangeant des plats à emporter asiatiques devant la télévision ou encore entraînés dans une partie de pêche ! Au-delà de l’anecdote, il faut surtout y voir un sacré revirement de politique, alors même qu’Apple prône l’abandon du PC au profit du Mac, avec sa fameuse campagne « Switch » (voir édition du 10 juin 2002).

En réalité, l’incompatibilité entre Mac et PC est un concept sans réel fondement depuis plusieurs années déjà. Notamment en ce qui concerne les formats de fichier des applications Office, identiques entre PC et Mac depuis 1998. A bien y regarder, la nouvelle campagne de communication sur la compatibilité Mac/PC suit, logiquement, la baisse des prix de la suite Microsoft pour Mac, annoncée en fanfare la semaine dernière (voir édition du 2 octobre 2002).

Un marché d’importance pour Microsoft…« (…) Nous avons été les premiers à développer des applications pour le Mac voici plus de 15 ans », explique Lisa Brummel, la responsable de la division des produits domestique de Microsoft, qui supervise, entre autres, l’équipe de développeurs Microsoft pour le Mac, à nos confrères de SiliconValley.com. Elle fait ici référence à Excel, dont la toute première version était destinée au Mac. Nous sommes actuellement le premier développeur d’applications pour le Mac, même si Adobe peut nous disputer ce titre. Nous avons une base installée de clients très importante. Nous sommes l’éditeur qui investit le plus en argent et en temps sur le Mac. Certes, le tiraillement entre concurrence et partenariat persiste entre Apple et Microsoft. Nous avons une relation unique dans l’industrie, mais nous sommes des concurrents sains tout autant que des partenaires sains. Et le marché du Mac est un bon business où nous nous devons d’être présents ».

… mais qui reste encore à développer

Cela dit, cette implication de Microsoft dans le monde Mac n’est pas autant couronnée de succès que l’éditeur de Redmond le voudrait. Bien qu’Office v.X soit souvent décrite comme la meilleure version de la suite bureautique jamais écrite, toutes plates-formes confondues, les ventes ne sont pas au rendez-vous (voir édition du 16 juillet 2002). Lisa Brummel tempère : « Si les résultats d’Office ne sont pas conformes à nos attentes, ils n’en sont pas bien loin. Nous avons eu des résultats positifs. Maintenant, nous attendons d’Apple qu’ils fassent la promotion de leurs Mac et qu’ils en vendent. Plus ils feront la promotion des applications, de leur système d’exploitation et de leurs machines, plus ils en vendront et plus Microsoft sera content. » Paradoxal, mais typique des relations entre Microsoft et Apple. Les deux ont besoin l’un de l’autre.

Surtout Microsoft, précise de son côté Ken Smiley, analyste de la société d’étude Giga Information Group, à nos confrères de NewsFactor : « Ils ont réalisé qu’ils peuvent faire plus avec un peu de coopération. Maintenant ils doivent le faire comprendre au consommateur. » Pas dit que celui-ci comprenne : après tout, pourquoi acheter un PC quand Microsoft lui-même vante le Mac ?