Les réseaux P2P américains se dirigent vers des offres légales

Mobilité

Plusieurs éditeurs auraient entamé des négociations avec la RIAA, la puissante association américaine de l’industrie du disque.

Le dialogue semble s’instaurer entre l’industrie du disque américaine et les éditeurs de solutions peer-to-peer (P2P), accusés d’encourager le partage illégal de fichiers musicaux protégés par le copyright. Armée du jugement de la Cour Suprême américaine à l’encontre de Grokster et Morpheus (voir édition du 27 juin 2005), la RIAA (Recording Industry Association of America) avait menacé de poursuites judiciaires sept éditeurs de solutions P2P la semaine dernière (voir édition du 16 septembre 2005). Il faut croire que la démarche a porté ses fruits puisque cinq sociétés ont contacté l’association lobbyiste pour tenter d’ouvrir des négociations, selon un porte-parole interne qui a refusé de nommer les entreprises concernées.

Les discussions les plus avancées se tiendraient avec Grokster. L’éditeur aurait accepté de se faire racheter par MashBoxx, une jeune société qui tente de développer un réseau P2P légal, c’est-à-dire payant, en s’appuyant sur la technologie Snocap (voir édition du 3 décembre 2004) et qui a récemment signé un accord de distribution avec Sony BMG (voir édition du 29 juin 2005). Selon les informations diffusées par le Wall Street journal lundi 19 septembre, Mashboxx rachèterait Grokster à un prix symbolique contre une participation aux éventuels futurs bénéfices. Les négociations sont en cours et on en ignore pour l’heure les avancées. Mais face aux menaces qui pèsent sur Grokster depuis le jugement de la Cour Suprême, l’éditeur n’a plus les moyens de faire la fine bouche. Une issue pourrait être trouvée rapidement d’autant que les première discussions remontent à près d’un an (voir édition du 3 novembre 2004).

Deux modèles payants

De son côté, iMesh s’est engagé auprès de l’industrie du disque à développer une offre payante. La société a d’ailleurs accepté de verser 4 millions de dollars de dommages à la RIAA afin d’éviter les poursuites. En attendant le passage à un modèle payant, les téléchargements illégaux se poursuivent. Par ailleurs, iMesh a également émis des propositions pour racheter d’autres éditeurs de logiciels P2P mais ses dirigeants refusent, pour l’heure, de dévoiler leur nature et leurs destinataires.

Morpheus (StreamCast Network), LimeWire, eDonkey, etc., pourraient emprunter le même chemin. Face aux menaces judiciaires qui les guettent (quand ils ne sont pas en pleine tourmente comme Kazaa/Sharman Networks) depuis la jurisprudence édictée par la Cour Suprême, les éditeurs n’ont plus qu’une alternative : passer à un modèle légal ou fermer leur service (soit par arrêt des activités, soit par rachat). Peu d’entre eux ont les moyens de supporter de coûteux frais judiciaires pour une issue qui risque de leur être défavorable.

Il semble donc que l’on se dirige vers la fin du P2P illégal, au risque de voir se développer les réseaux de partage privés comme TribalWeb. Une victoire pour l’industrie du disque mais aussi pour les éditeurs de solutions P2P qui ont toujours déclaré chercher à entrer en négociation avec les représentants du disque. Quant au modèle payant, deux mouvements semblent se dégager : l’achat à l’unité à la manière de l’iTunes Music Store, ou bien l’abonnement pour une utilisation étendue ou illimitée du service comme le proposent notamment Napster To Go (voir édition du 3 février 2005) ou Yahoo Music Unlimited (voir édition du 11 mai 2005).