Les services, la face cachée de la fusion HP-Compaq ?

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Fusion oblige, la nouvelle entité HP-Compaq devient un nouvel acteur réellement majeur dans le monde des services, un secteur traditionnellement dominé par IBM. Les deux sociétés, qui envisageaient encore il y a peu de temps une croissance externe dans ce domaine, pourraient faire l’économie de dizaines de millions de dollars. Un critère essentiel expliquant ce rapprochement ?

Si le rachat par échange d’actions entre Hewlett-Packard et Compaq (voir édition du jour) permet à la nouvelle entité de prendre la tête sur le marché des PC et des périphériques tout en consolidant les unités dédiées aux serveurs et au stockage, c’est semble-t-il dans le secteur des services que les deux sociétés bénéficieront le plus de cette alliance. HP et Compaq n’ont pas caché leur désir d’accroître leur part de revenus liés aux services dans leur chiffre d’affaires. Une décision largement motivée par la baisse de la demande en matériel et le ralentissement de l’activité économique mondiale. Ainsi Compaq, qui subit de plein fouet la baisse des prix sur le marché des ordinateurs, s’oriente clairement vers les logiciels et les services à destination des entreprises. Le patron de Compaq, Michael Capellas, a expliqué récemment dans une note interne envoyée à ses employés que, d’ici quatre ans, la part des revenus liés aux services passera d’un cinquième à un tiers et que la société consacrera jusqu’à 500 millions de dollars à des investissements dans des sociétés de services informatiques. Le rapprochement avec HP pourrait éviter au groupe de se lancer dans une stratégie de croissance externe fort coûteuse. HP, de son côté, trouve enfin une solution pour développer de manière agressive son secteur lié aux services informatiques. La firme de Palo Alto, qui avait échoué dans sa fusion avec PriceWaterHouseCoopers, cherchait toujours un moyen de se rapprocher de la position de leader d’IBM. Début juillet, Compaq avait par ailleurs annoncé qu’il se portait candidat au rachat de l’américain Comdisco, spécialiste du secours de sites informatiques multiplate-formes et qui propose des solutions de continuité d’activité (voir édition du 17 juillet 2001). Un rachat pour le moins incertain. D’autres acheteurs se sont depuis manifestés (voir édition du 10 août 2001). Sungard avait surenchéri de 165 millions de dollars.

Si l’intégration des moyens humains et matériels de Compaq au sein de HP risque de poser un douloureux problème de doublons, les deux sociétés étant en concurrence directe dans un grand nombre de secteurs, le secteur des services pourrait y échapper. D’abord parce qu’il est en pleine croissance et que la demande existe bel et bien, mais surtout parce que les stratégies des deux sociétés en matière de services ne sont pas tout à fait les mêmes. Alors que Compaq reste encore dans une logique propriétaire, c’est-à-dire que les services proposés sont encore liés à la vente de solutions complètes, HP ouvre de plus en plus ses services aux solutions concurrentes, comme en témoigne son offre d’audit pour des solutions de stockage (voir édition du 25 juin 2001). Une stratégie déjà mise en place par IBM.

HP devient numéro 4 dans les services

Les parts de marché de la nouvelle entité dans le domaine des services au niveau mondial devraient presque doubler. D’après la dernière étude du Gartner Group, HP et Compaq détiendraient respectivement 1,1 et 1 % de parts de marché pour l’année 2000 (voir édition du 28 août 2001). L’arrivée de Compaq dans le capital de HP devrait permettre à ce dernier de ravir à CSC la quatrième place dans le secteur des services informatiques. Mais avec 2,1 % de parts de marché, HP restera encore loin du numéro un mondial. IBM, via sa division IBM Global Services (IGS), est en effet en tête avec plus de 33 milliards de dollars de revenus sur l’année 2000, ce qui représente environ 5 % du marché mondial. Avant fusion, la part des services au sein de HP s’élevait à 15 % du chiffre d’affaires annuel du constructeur.