Les spots TV des FAI dans le collimateur du BVP

Mobilité

Le bureau de vérification de la publicité dénonce l’usage trompeur des débits ATM dans les spots pour les accès Internet haut débit.

18 ou 20 mégabits ? Débit IP, débit ATM ? L’arrivée de l’ADSL 2+ (voire de l’ADSL Max à 8 ou 10 Mbits/s) a inauguré une nouvelle méthodologie pour décrire les capacités de bande passante promises dans les offres d’accès Internet haut débit. Si Free, Neuf Cegetel, Club Internet, Alice, Télé2 ou encore Numéricâble communiquent sur des offres à 20 Mbits/s, AOL et Wanadoo affichent de leur côté 18 Mbits/s. Et pourtant, ce sont les mêmes offres en termes de débits.

Cette différence apparente s’explique par le choix du protocole utilisé pour déterminer la largeur de la bande passante : les 20 Mbits/s annoncés font référence à des débits ATM tandis que les 18 Mbits/s d’AOL et de Wanadoo s’appuient sur le protocole IP. Schématiquement, les débits ATM (Asynchronous Transfer Mode) sont ceux mesurés en aval du DSLAM (Digital Subscriber Line Access Multiplexer), le module qui concentre les lignes des abonnés vers une ligne très haut débit (en général de la fibre optique) gérée par l’opérateur, qui achemine les données vers le réseau mondial.

Plus pour le même prix

Cette partie du réseau s’appuie sur le protocole ATM, lequel affiche des débits très théoriques supérieurs de 20 % environ à ceux du protocole IP. Ce dernier, en revanche, s’appuie sur des débits mesurés entre la prise téléphonique de l’abonné et le DSLAM de l’opérateur. Ce sont donc les débits dont bénéficie réellement l’abonné. Autrement dit, les 20 Mbits/s promis par le prestataire tomberont à environ 16 Mbits/s dans les faits.

La plupart des opérateurs et FAI n’ont pas hésité, Free en tête (voir édition du 2 septembre 2004), à s’appuyer sur les débits ATM qui, d’un point de vue marketing, semblent offrir plus pour le même prix. Au risque de semer le trouble dans l’esprit des consommateurs qui ne comprennent pas toujours l’origine de ces différences. D’autant que tous les FAI n’adoptent pas cette démarche marketing, AOL France en tête qui, depuis l’arrivée du nouveau PDG Carlo d’Asaro Biondo en juillet 2004 (voir édition du 30 juin 2004), s’est engagé dans une politique de transparence vis-à-vis de ses clients.

Avis à modifier

L’utilisation des débits ATM dans les publicités des fournisseurs d’accès pourrait être révisée. Dans sa newsletter mensuelle datée du 10 octobre dernier, le Bureau de vérification de la publicité (BVP) met en garde contre ces pratiques. « Le BVP recommande à tous les FAI d’indiquer de façon lisible dans leurs communications le débit IP, à savoir le débit dont pourra bénéficier effectivement l’abonné s’il remplit toutes les conditions techniques. »

Une recommandation qui pourrait faire l’objet d’un « avis à modifier », selon le BVP « pour un spot non conforme à la veille de sa diffusion en TV ». Si les spots TV sont particulièrement visés, c’est simplement parce que la plupart des FAI précisent déjà, au moins dans les mentions légales des contrats ou dans les conditions générales, que les 20 Mbits/s ATM correspondent à du 16 Mbits/s IP. Une information accessible sur les médias statiques (presse, site web…) mais beaucoup moins visible dans le cadre d’un spot télé. Il restera donc à vérifier que les FAI se plieront, pour leurs annonces audiovisuelles, aux recommandations du BVP.