Les tarifs du dégroupage sont trop élevés

Mobilité

Entre 60 et 117 francs pour l’accès à la boucle locale. Ce sont les tarifs proposés par France Télécom aux opérateurs concurrents, hors frais de mise en service. Christian Pierret, le secrétaire d’Etat à l’Industrie invite l’opérateur national à baisser ses prix.

France Télécom a publié, le 22 novembre, ses tarifs de dégroupage de la boucle locale, prévu pour le 1er janvier 2001. Rappelons que le dégroupage permettra aux opérateurs tiers d’accéder à la prise téléphonique de l’usager qui pourra ainsi se passer des services de France Télécom. Dans la téléphonie comme dans l’Internet et, particulièrement, l’ADSL.

France Télécom distingue l’accès total de l’accès partagé. L’accès partagé autorise un opérateur tiers à fournir l’Internet haut débit (technologie xDSL ou fréquences dites « supra-phoniques ») tout en permettant à l’abonné de conserver le service téléphonique de base. Les tarifs du dégroupage d’un accès partagé s’élèvent à 60 francs (9,15 euros) par mois. Avec l’accès total, l’abonné choisit son opérateur téléphonique et Internet, et n’a plus aucun échange commercial avec France Télécom. Le dégroupage de l’accès total est facturé 112 francs (17,1 euros). A ces tarifs, les opérateurs tiers devront ajouter 1 067 francs de frais de mise en service.

Des filtres qui alourdissent encore la facture

Et ce n’est pas tout. Pour permettre l’accès de la ligne aux opérateurs privés, France Télécom installe des filtres côté répartiteurs (central téléphonique), sous forme de cartes facturées 600 francs. Il faudra également louer l’emplacement de la baie de stockage de ces cartes, facturé annuellement entre 11 000 et 22 000 francs selon la taille des villes. Enfin, ces aménagements auront lieu, dans la mesure du possible, dans un local séparé des bureaux de France Télécom, et dont les frais réels seront partagés entre les différents opérateurs qui l’occuperont. Autrement dit, les concurrents de l’opérateur national auront tout intérêt à se regrouper pour diviser d’autant les frais de location.

Résumons. Si un abonné choisit de conserver sa ligne téléphonique mais de souscrire un accès ADSL « privé », il devra débourser un minimum de 142,30 francs par mois (82,30 francs d’abonnement France Télécom, plus les 60 francs minimum facturés à l’opérateur – et donc indirectement à l’usager – pour l’accès à la paire de cuivre). S’il souhaite se désengager de France Télécom, il paiera au minimum 112 francs mensuels. Prix auquel il faudra bien sûr ajouter le coût des services de l’opérateur tiers. Bref, il n’est pas sûr que, dans un premier temps, l’ouverture à la concurrence permette à l’usager d’y trouver son compte.

Le secrétaire d’Etat à l’Industrie s’en mêle« Trop cher », a dit Christian Pierret. Le secrétaire d’Etat à l’Industrie invite France Télécom à s’aligner sur les tarifs européens, à savoir 13 euros (environ 85 francs) au lieu de 17,1 pour l’accès total. Quant à l’ART (l’Autorité de régulation des télécoms), elle ne s’est pas encore prononcée sur cette offre tarifaire. Pourtant, selon l’opérateur national, ces prix seraient calculés sur la base des critères fournis par l’ART, à savoir la méthode d’évaluation des « coûts moyens incrémentaux de long terme » (CMILT) qui revient à évaluer le coût virtuel de la reconstruction aujourd’hui du réseau, même si France Télécom reste propriétaire de la boucle locale pour les lignes déjà construites. En théorie, donc, l’ART devrait approuver.