Les téléchargements de MP3 en voie de régularisation

Mobilité

Baisse du trafic des réseaux P2P, règlements à l’amiable, engagement des éditeurs à éduquer leurs utilisateurs… Le phénomène du P2P semble se ralentir, à la grande satisfaction de la RIAA. Seul Kazaa fait de la résistance…

Les poursuites judiciaires lancées par la RIAA (Recording Industry Association of America) à l’encontre des particuliers américains amateurs de téléchargements massifs de fichiers MP3 ont-elles porté leurs fruits ? Oui, selon le cabinet Nielsen/Netrating qui a comparé l’audience des principales applications de peer-to-peer (P2P) entre le début de l’été et la fin septembre. Sur cette période, Kazaa aurait perdu 41 % d’audience et Morpheus 4 %. A la fin septembre, la fréquentation d’iMesh et de BearShare serait si basse que le cabinet n’a pas intégré ces résultats dans son étude, alors qu’ils comptaient respectivement 250 000 et 192 000 visiteurs fin juin 2003. Quant à Grokster, il n’est même pas évoqué dans l’étude, laquelle confirme la tendance présentée dans une précédente analyse (voir édition du 16 juillet 2003).

Règlements à l’amiable

Le vent semble donc tourner en faveur de l’association américaine de défense des intérêts du disque. Celle-ci en profite pour poursuivre ses règlements à l’amiable. Selon la presse américaine, 52 des 261 utilisateurs assignés (voir édition du 9 septembre 2003) auraient accepté de verser une somme comprise entre 2 500 et 7 500 dollars en échange de l’abandon des poursuites. Ils s’engagent évidemment à détruire tous les fichiers incriminés et à ne pas faire de déclaration publique contradictoire avec l’accord.

De leur côté, les éditeurs d’applications P2P se sont engagés à éduquer, ou plus exactement à informer, leurs utilisateurs. A travers une association nommée P2P United, six éditeurs (LimeWire, Grokster, BearShare, eDonkey, Bluster et Morpheus) vont mettre en place, avant la fin 2003, une charte de bonne conduite. Ils informeront notamment leurs clients de l’illégalité du partage de fichiers protégés par le copyright. L’association insistera aussi sur la configuration du logiciel et, notamment, sur l’accessibilité aux fichiers partagés sur les disques durs des particuliers afin que ceux-ci évitent d’ouvrir l’intégralité de leur ordinateur. Il est cependant regrettable que le leader Kazaa (Sharman Networks) n’ait pas rejoint l’association.

Kazaa fait cavalier seul

Kazaa préfère probablement régler ses litiges seul. Sharman Networks n’a pas hésité à porter plainte contre la RIAA et certains de ses membres pour violation des droits d’auteur. L’éditeur accuse en effet l’association d’avoir exploité Kazaa Lite, un logiciel que Sharman considère comme « piraté » (voir édition du 3 septembre 2003), pour tracer les utilisateurs. De plus, Sharman souligne que même si la RIAA avait utilisé une version autorisée de Kazaa, elle aurait enfreint les conditions d’utilisation. Celles-ci stipulent l’interdiction d’utiliser le logiciel pour surveiller le trafic et collecter des données sur les utilisateurs. Au jeu de l’arroseur arrosé, l’affaire peut durer longtemps.