Les utilisateurs de réseaux P2P : de précieux consommateurs

Mobilité

Selon une étude d’un cabinet britannique, les amateurs de P2P dépensent quatre fois plus d’argent dans la musique numérique que les consommateurs légaux.

« Il y a un mythe comme quoi les internautes qui téléchargent illégalement sont des mercenaires qui veulent à tout prix violer la loi en cherchant de la musique gratuite. En réalité, ce sont souvent des fans de la première heure extrêmement enthousiastes à l’idée d’utiliser des services payants à condition que ceux-ci soient attractifs. » L’industrie du disque ne partagera certainement pas l’avis de Paul Brindley. Mais le directeur de The Leading Question, société britannique de sondages spécialisés dans la musique, s’appuie sur une enquête publiée le 27 juillet et réalisée auprès de plus de 600 mélomanes dotés de PC (ou de Mac), d’un téléphone portable.

Il ressort de l’étude que ces indélicats avec les droits d’auteurs dépensent 5,52 livres (7,98 euros) par mois pour acheter de la musique numérique contre 1,27 livre (1,83 euro) pour les mélomanes qui respectent la loi. L’étude, du moins son résumé, ne donne cependant pas d’information concernant l’achat de supports physiques (les CD audio) des uns et des autres. « Le Speakerbox 2005 [l’outil de sondage maison, ndlr] montre clairement que les fans de musique qui violent la loi sont de précieux consommateurs », ajoute le responsable dans le communiqué, « cela montre aussi qu’ils sont désireux d’adopter des services légitime de musique dans le futur. »

Capitaliser sur la puissance des réseaux P2P

Pour le directeur, rien ne sert de vouloir envoyer les amateurs de réseaux peer-to-peer (P2P) devant les tribunaux sans fournir de contrepartie à la répression. « Les actions légales ont une forme d’impact mais le partage de fichiers illégaux ne sera jamais erradiqué », estime-t-il, « la réponse la plus intelligente est de capitaliser sur la puissance des réseaux P2P pour séduire les consommateurs avec des alternatives attractives. »

Une idée qui fait son chemin auprès des majors de l’industrie du disque. Snocap, une société qui sécurise les fichiers audio destinés à être distribués sur les réseaux P2P, a déjà séduit Universal Music, EMI et Sony BMG (voir notamment édition du 3 décembre 2004). Et des plates-formes P2P légales tentent de voir le jour comme MashBoxx (voir édition du 10 mai 2005) ou encore Peer Impact de Wurld Media (voir édition du 24 novembre 2004). Mais ces projets tardent à se concrétiser.

Enfin, l’étude de The Leading Question confirme que les adeptes du partage illégal sont plus férus (ou impatients) de nouveaux services que les consommateurs légaux. Selon l’enquête, 60 % des « pirates » expriment le désir de posséder un lecteur MP3 dans leur téléphone contre moins de 30 % pour les autres mélomanes.