Les valses-hésitations d’Intel

Mobilité

Avec une gamme riche de plus de 30 produits pas franchement différents, Intel sème la confusion parmi son public. Mais pour le fondeur, pas de problème de doublon. Si les produits existent, c’est qu’il y a une demande.

Quelle différence y a-t-il entre un Celeron et un Pentium III cadencés à la même vitesse ? La question peut paraître stupide tant la ligne de démarcation marketing semble bien positionnée. Mais en regardant de plus près les caractéristiques techniques, le doute point. Détaillons. D’abord, le coeur de calcul est exactement identique depuis la toute dernière gamme de Celeron qui sera officiellement annoncée ce soir (voir édition du 28 mars 2000). Le principal point de différenciation, à savoir le jeu d’instructions multimédia SSE inclus dans les Pentium III et pas dans les Celeron, n’existe plus. Quant à la vitesse de bus d’échange de données avec la mémoire (Front Side Bus), elle peut atteindre 100 MHz pour les deux. Pourtant, les Celeron pour PC de bureau n’offrent qu’une vitesse de FSB de 66 MHz. A contrario, les Pentium III peuvent monter jusqu’à 133 MHz avec les chipsets i820 et i840. Mais, techniquement, rien ne semble empêcher Intel de proposer des Celeron connectés à la mémoire à 133 MHz. Comme on peut donc le constater, un Celeron d’aujourd’hui possède bien des points communs avec son grand frère Pentium III. Selon certaines sources, il semble même que les deux processeurs embarquent la même quantité de mémoire cache, c’est-à-dire 256 Ko, mais dont seulement 128 sont activés sur un Celeron. Intel n’a pas été voulu entériner ni infirmer ce fait.

Mais il n’y a pas qu’à propos des processeurs grand public qu’une forme de confusion règne. Les Pentium III sont désormais cadencés à des vitesses supérieures à celles des Xeon, qui ciblent clairement les professionnels, et permettent eux aussi le multiprocessing. Seul le tout récent Pentium III à 1GHz n’a pas eu encore droit à la validation du mode SMP (permettant d’utiliser plusieurs processeurs sur un serveur) mais, chez Intel, on indique que cela ne devrait pas tarder. Là aussi, à part la somme de mémoire cache, plus importante, si on le souhaite, sur Xeon que sur un Pentium III, il n’y a pas grand chose pour différencier les gammes de produits. Si ce n’est une bonne campagne publicitaire et un écart de prix conséquent, à même de rassurer certains utilisateurs professionnels qui considèrent que plus un prix est important, plus le produit est performant.

D’autre part, Intel travaille actuellement à de nouveaux conditionnements pour ses futures gammes de processeurs. Comme d’habitude avec le numéro un mondial, il ne va pas falloir s’attendre à garder longtemps sa carte mère. En effet, Itanium, son premier processeur 64 bits (voir édition du 8 décembre 1999), ne devrait pas être conditionné dans le même type de boîtier que son successeur McKinley. Ce dernier adoptera le même emballage que Willamette et Foster, destinés à remplacer le Pentium III en architecture 32 bits. Logique, non ? Techniquement, Intel cherche à réduire au maximum la dissipation de chaleur provoquée par ces puces en testant différentes sortes d’alliages et de matériaux composites.

La situation risque de rester confuse un bon moment, d’autant plus si la concurrence n’arrive pas à s’imposer. Car, comme on l’explique simplement chez Intel, « les produits existent, donc ils correspondent à une demande. Intel propose un choix à chaque constructeur pour qu’il trouve les processeurs adaptés à ses besoins et aux cibles qu’il souhaite toucher. Il est vrai qu'(Intel) possède un gamme très riche en ce moment, mais cela s’explique aussi par la période de transition que la société traverse actuellement« . Ainsi, le fondeur conserve encore à son catalogue des puces gravées en 0,25 micron alors que tous ses nouveaux produits bénéficient d’une gravure à 0,18 micron.