Les ventes de musique d’Apple s’accélèrent

Mobilité

L’iTunes Music Store d’Apple a franchit la barre fatidique des 25 millions de morceaux de musique vendus en ligne. Le taux de progression des ventes de la firme s’est accéléré sur les deux derniers mois.

Apple et son patron Steve Jobs ne demeurent pas cois : le modèle de l’iTunes Music Store fonctionne et ils le font savoir. La barre des 25 millions de titres vendus en ligne a été franchie allègrement le 12 décembre dernier. C’est le morceau prémonitoire interprété par Franck Sinatra « Let it snow, let it snow, let it snow », qui a marqué ce cap. En fait, à défaut de neige, le magasin de musique en ligne est confronté à une pluie de vente. Le niveau de 1,5 million de titres par semaine a été avancé par Steve Jobs. A ce rythme, les ventes devraient atteindre 73,5 millions de titres vendus au bout d’un an de fonctionnement (un chiffre généreusement arrondi à 75 millions par Steve Jobs). Le plus étonnant reste le taux de progression des ventes depuis la mise à disposition de la version pour Windows d’iTunes. Près de 48 % des ventes ont eu lieu sur cette plate-forme au cours des deux derniers mois. Sans les nouveaux adeptes d’iTunes, les ventes du magasin en ligne atteindraient aujourd’hui, selon nos estimations, autour de 15 millions de titres. Les utilisateurs de PC représentent donc au jugé près de 40 % des acquéreurs de titres en ligne, en seulement deux mois d’utilisation du service ! Le taux de croissance des ventes approche les 192 % depuis le 13 octobre dernier. Autant dire que la version Windows de l’iTunes Music Store a donné un sérieux coup de fouet aux revenus en ligne.

Moduler les tarifs

Et ces chiffres masquent la réalité du modèle économique de la firme, qui repose essentiellement sur les ventes de son baladeur numérique iPod. Il faudra attendre la mi-janvier prochain pour savoir si l’iPod sert effectivement de levier de croissance à l’entreprise. « Notre stratégie consiste à soutenir le premier lecteur MP3 du marché », a indiqué Jobs à nos confrères de USA Today. En attendant, le PDG se plait à souligner que les ventes de l’iPod ont « écrasé celles [du lecteur]de Dell sur le dernier trimestre. Enfin, autre effet induit de l’iTunes Music Store, les volumes de ventes d’ordinateurs grand public siglés de la Pomme, seront eux aussi à analyser de près. Premier à être entré sur le marché derrière Apple, BuyMusic.com avait placé la barre très haut : 1 million de morceaux par jour ! « Nous ne parvenons pas du tout à cette cible », a indiqué Scott Blum, son PDG, à nos confrères de Technewsworld. « J’ai parlé à mes compétiteurs et nous ne sommes en aucune manière près des chiffres [avancés par Apple] ». La direction de la marque de fabrique la plus symbolique de la folie de la musique sur Internet, Napster, s’avoue elle aussi loin des résultats de la Pomme : « Nous avons réalisé un tiers des téléchargements de single d’Apple en une semaine. Je pense que c’est extraordinaire, si on considère sa présence sur le marché, grâce à une campagne de publicité monstrueuse ».

La mise à disposition d’une solution mise au point par Microsoft et Loudeye, permettant à n’importe quel acteur de proposer son service de musique en ligne, peut-elle faire secouer la main mise d’Apple sur ce marché ? La question s’avère délicate et repose principalement sur les accords dont Loudeye dispose auprès des maisons de disques. C’est en effet essentiellement sur cette part du prix des morceaux que les acteurs vont pouvoir moduler leurs tarifs. Les autres coûts de distribution s’avérant égaux pour tous. Il est permis de douter que les tarifs puissent se différencier de manière très significative, en raison de la faible marge de manoeuvre disponible. La possibilité la plus évidente : que certains acteurs trouvent, à l’image d’Apple, un modèle de revenus basé sur un produit ou un service joint. On peut ainsi imaginer Coca Cola utiliser le modèle pour vendre plus de ses sodas, ou un opérateur téléphonique chercher à vendre plus de communications ou plus de combinés téléphoniques. Mais l’efficacité de ce modèle reste à prouver : avec l’iPod, Apple dispose en effet d’une clef qui sera difficilement remplacée par une canette de boisson à bulles !