L’euro, un passage obligé pour les entreprises

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En matière d’euro, Sepsi, société spécialisée dans la saisie automatisée d’informations à partir de technologies de lecture optique et de reconnaissance de caractères, fait certainement figure de bonne élève. La société a en effet basculé certaines de ses applications en euros dès octobre 1999. Un pas qui n’a visiblement pas été franchi par nombre de PME. Selon l’IFOP, 42 % des sociétés de 1 à 50 salariés n’ont pas encore commencé leur passage à l’euro. Patrick Fallourd, responsable du projet euro pour la société Sepsi, nous explique dans quelles conditions s’est effectué leur passage à l’euro.

VNUnet : Quelles sont les applications concernées par le passage à l’euro ?

Patrick Fallourd :Le passage à l’euro demande de revoir en interne tout ce qui relève de la gestion commerciale, de la comptabilité, des logiciels de trésorerie et tout ce qui a trait à la paie. Cela commence avant toute autre chose par un audit de ces systèmes. Ce n’est qu’une fois ceci réalisé que l’on peut comprendre l’ampleur de la tâche. Car si l’entreprise n’utilise pas des progiciels standards mais des applications spécifiques, cela demande bien souvent de revoir entièrement son système informatique. Et pour peu que l’éditeur ou la personne qui était chargée de développer spécifiquement le logiciel ne soit plus là, le passage à l’euro n’est plus une simple formalité…

VNUnet : Comment s’est déroulée pour Sepsi l’intégration de l’euro ?

Patrick Fallourd :Par souci de tranquillité, Sepsi a toujours choisi des solutions standards et des éditeurs connus, ce qui a facilité l’intégration de l’euro. Critère de simplicité supplémentaire, nous n’avons qu’un seul interlocuteur puisque tout notre système repose sur une solution Sage. Notre priorité a été de définir un calendrier pour choisir les meilleurs moments dans l’année pour effectuer cette transition. C’est la principale difficulté, surtout pour une PME qui ne possède pas forcément toutes les ressources en interne pour se consacrer à cette tâche. D’autant que ce passage ne se fait pas seul, mais en adéquation avec l’éditeur des logiciels, mais aussi avec les banques. Certaines d’entres elles demandent des délais plus ou moins longs pour s’adapter à la comptabilité de leurs clients. A titre d’exemple, le Crédit Lyonnais demandait un délai de trois semaines.

VNUnet : Vous avez donc basculé d’un seul coup vers l’euro ?

Patrick Fallourd :Non, nous avons procédé par étapes. En octobre 1999, toute notre gestion commerciale et notre comptabilité basculaient en euros. Ce sont deux applications qui vont de paire, et donc il nous paraissait primordial de les regrouper. Puis nous avons basculé notre trésorerie en euros, en septembre 2000. Pour ce qui est de la paie, nous avons décidé d’attendre le dernier moment. Deux raisons à cela : cela ne sera pas difficile à mettre en place et aussi pour des raisons psychologiques. Dans ce cas, l’euro touche directement le bulletin de paie des salariés, et le montant va numériquement diminuer.

VNUnet : L’utilisation obligatoire, ce n’est finalement que dans 11 mois. Pourquoi une telle avance ?

Patrick Fallourd :En 1999, quand nous avons commencé le programme euro, on entendait partout qu’il fallait passer le plus vite possible à l’euro, notamment pour les entreprises qui ont comme clients des grands comptes car ces derniers imposeront à leurs fournisseurs la monnaie unique. C’était notre cas. Finalement aujourd’hui, on s’aperçoit que cela ne s’est pas passé comme cela et que même les grands comptes sont à la traîne… Sur

nos factures que l’on envoyait à certains clients, on devait écrire à la main les tarifs en francs à côté des tarifs en euros et on devait aussi apposer le cachet de la société devant chaque prix, car notre logiciel ne faisait la conversion que pour le total. Mais finalement, nous ne regrettons rien. Cela nous a permis d’effectuer ce passage en prenant notre temps et non dans l’urgence. Ainsi nous avons pu effectuer une bascule à blanc afin de vérifier si tout se déroulait correctement. Mais surtout, nous pouvons enfin nous consacrer au développement interne de notre société. Après le passage à l’an 2000 et les 35 heures, nous pouvons donc nous concentrer sur notre coeur de métier.

VNUnet : Est-il possible de garder au sein de la société les deux monnaies euro et franc ?

Patrick Fallourd :On ne peut pas garder en parallèle les deux systèmes. Ce n’est pas faisable. Il n’est pas possible de faire tout le travail en double. C’est bien pourquoi il faut être en avance car cela permet justement de faire des essais. A partir du moment où l’on bascule, il faut être certain que tout marche, car ce n’est plus possible de revenir en arrière.

VNUnet : Aujourd’hui, comment travaillez-vous avec vos clients ?

Patrick Fallourd :Nous travaillons bien sûr en euros. Nous recevons sans aucun problème les factures en francs. Notre logiciel est capable de les convertir en francs ou en euros en fonction des clients. En interne, nous avons simplement insisté pour que les commerciaux chiffrent les projets en euros, même si pour le confort du client, nous convertissons encore au bas de la feuille tous les chiffres en francs.

VNUnet : Est-il aisé de calculer les coûts de ce passage à l’euro ?

Patrick Fallourd :Si l’entreprise, et c’était notre cas, possède des progiciels standards, il est assez aisé de calculer les coûts. En revanche, à partir du moment où l’entreprise a des systèmes d’information spécifiques, cela est certainement plus difficile. Concernant Sepsi, cela a représenté un coût d’environ 20 à 25 000 francs auxquels s’ajoutent 6 semaines de travail pour une personne. Dans notre cas, le passage à l’euro n’a pas coûté très cher. L’an 2000, par exemple, s’est révélé nettement plus lourd pour la société.

VNUnet : Quel est le chiffre d’affaires de votre société ?

Patrick Fallourd :Il est de 43 millions de francs.

VNUnet : Vous ne le dites pas en euro ?

Patrick Fallourd :Si bien sûr. Il est de 6,6 millions d’euros, mais c’est vrai que le chiffre d’affaires fait plus petit…