L’Europe en pince pour le logiciel libre

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Un rapport de 287 pages met en exergue les avantages économiques que
l’Europe peut tirer de l’adoption des logiciels libres.

« Nos résultats montrent que, dans quasiment tous les cas, une transition vers l’open source présente des économies sur le long terme [sur] les coûts de possession des logiciels. » La conclusion du rapport* de la Commission européenne sur l’impact économique des Floss (pour Free/Libre/Open Source Software) dans le secteur des nouvelles technologies de l’information en Europe est sans appel. Malgré les frais de migration et de formation inévitables, le logiciel libre coûte moins cher aux entreprises que les solutions propriétaires.

Réalisée à partir des travaux d’universités et d’organisations publiques européennes (en Espagne, Irlande, Italie et France) et coordonnée par le centre de recherche Merit de l’Université de Maastricht, cette étude de 287 pages datée du 20 novembre 2006 a été rendue publique récemment. Elle met en avant le rôle du logiciel libre dans le développement de l’économie européenne à travers un marché qui a considérablement cru au cours des cinq dernières années.

Les solutions libres sont d’ailleurs plus présentes sur les PC des entreprises européennes que dans le reste du monde, suivi des Etats-Unis et de l’Asie. Mais le continent asiatique ainsi que l’Amérique latine seraient en passe de rejoindre l’Europe dans l’usage des Floss, notamment dans le secteur public. En Europe, l’adoption des applications libres est entraînée par les entreprises de taille moyenne et les grands comptes. Mais le grand nombre de contributeurs européens a favorisé la pénétration des Floss dans les petites et moyennes entreprises. Globalement, les Floss sont présents dans la plupart des secteurs industriels et sur plusieurs marchés dont les serveurs web, les systèmes d’exploitation serveur et desktop, ainsi que les navigateurs Web, les bases de données, clients de messagerie et autres infrastructures informatiques.

Les logiciels libres encourage la création d’entreprises

Le rapport souligne par ailleurs que les deux tiers des logiciels open source sont écrits par des développeurs isolés. Les entreprises privées n’y contribuant que pour 15 % et les institutions diverses pour 20% environ. Chiffres à l’appui, l’étude défend l’idée que si les entreprises avaient dû investir elles-mêmes dans les développements des logiciels libres qu’elles utilisent, la facture se serait élevée à 12 milliards d’euros (ce qui équivaudrait à la production de 131 000 années/hommes). Contre 1,2 milliard réellement investis dans les faits. Le nombre de lignes de code produites a doublé tous les 18 à 24 mois au cours des huit dernières année. Et la tendance devrait se poursuivre pour de nombreuses années encore.

Les services liés au déploiement des solutions libres pourraient atteindre 32 % de l’ensemble des services informatiques dès 2010. « En fournissant un environnement de développement valorisé par les employeurs et conservant une plus grande part de valeur ajoutée locale, les Floss peuvent encourager la création de PME-PMI et d’emplois », suggèrent les auteurs du rapport. Qui estiment ainsi que « le grand nombre de développeurs européens fournit une opportunité unique de créer une nouvelle économie du logiciel et tend vers les objectifs de Lisbonne de faire de l’Europe l’économie de la connaissance la plus compétitive d’ici 2010 ».

* Economic impact of open source software on innovation and the competitiveness of the Information and Communication Technologies (ICT) sector in the EU