L’expérience d’AOL a un goût de World Online

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En mars 2000, World Online lançait le premier forfait d’accès à Internet illimité. Rapidement dépassé par la demande, le FAI renonçait au bout de six semaines. A l’occasion d’une conférence sur le thème « De l’illimité au haut débit », World Online revenait sur cet échec. La comparaison avec les déboires actuels d’AOL s’impose.

On le sait, AOL n’est pas sorti des problèmes provoqués par son forfait Internet illimité. Pas plus tard que lundi 5 février, c’était au tour de l’association de défense des consommateurs « UFC-Que Choisir » d’ester le FAI en justice (voir édition du 5 février 2001). La question sur toutes les lèvres est de savoir si AOL n’a pas lancé son forfait illimité tout en sachant pertinemment qu’il ne pourrait pas assurer le service. Autrement dit, si ce n’était pas juste un moyen pour forcer le gouvernement à imposer à France Télécom un autre mode de facturation pour les FAI. Ces derniers sont en effet encore facturés à la minute, mais tout devrait bientôt changer et AOL y a beaucoup contribué… Pourtant, quand on regarde le cas des autres fournisseurs d’accès qui ont proposé des offres illimitées, on se dit que leur expérience n’a visiblement pas servi d’exemple à AOL.

World Online rapidement dépassé par les événements

Ce mardi 6 février, Comparatel organisait une conférence sur le thème « de l’illimité au haut débit », l’occasion d’entendre Jean-Christophe de Launay revenir sur le cas de World Online France dont il est le directeur marketing et commercial. Il raconte : « En mars 2000, nous avons lancé le premier forfait illimité, nous estimions le marché à quelques dizaines de milliers d’internautes. » Mais World Online allait rapidement se rendre compte de son erreur, « dès l’annonce du forfait, les réservations ont afflué » se souvient-il, « le jour du lancement, les serveurs ont été littéralement pris d’assaut au point de saturer. » Rapidement, il a fallu mettre en place un numéro vert, vite débordé comme le souligne Jean-Christophe de Launay : « On comptabilisait 300 000 appels par jour au total ! » Le chiffre tient compte des nombreuses personnes qui rappelaient faute de pouvoir joindre un correspondant.

L’illimité : surtout un problème de télécoms

Une fois abonné, la « galère » était loin d’être terminée. « A 19 heures pile [il s’agissait d’un forfait de type ‘soir et week end’, Ndlr], on enregistrait un nombre incroyable de connexions simultanées, ce qui neutralisait l’accès. Même en augmentant le nombre de modems nous avions toujours des soucis, car il y avait aussi des problèmes au niveau des répartiteurs téléphoniques. C’est une problématique de télécoms, » explique le directeur marketing de World Online. De plus, les gens ayant des difficultés à se connecter, une fois « loggés », ils se gardaient bien d’interrompre la connexion. « Tout cela crée du trafic factice avec les requêtes pour éviter tout ‘time out’, » et cela se traduit par une surcharge à la fois des serveurs et de la bande passante.

Pour Jean-Christophe de Launay, il faut donc considérer l’accès illimité comme une connexion permanente « surtout si la reconnexion est difficile ». Une notion qui n’était pas si évidente avant cette expérience malheureuse pour World Online qui a cessé son offre six semaines après son lancement (voir édition du 23 mai 2000). Son directeur marketing considère comme « majeur » le passage prévu de l’interconnexion à la minute à une interconnexion à capacité. « Le prix fixé est établi en fonction du nombre de lignes mobilisées » explique-t-il, « cela ouvrira la voie à un retour du forfait illimité. » Un discours qui doit être doux aux oreilles des dirigeants d’AOL France…