L’improbable compatibilité des formats WMA et AAC

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Les formats WMA et AAC peuvent-ils devenir compatibles ? Les acteurs du monde PC en rêvent. Mais avec vingt ans de recherche, des partenariats en béton et sa domination du marché, Apple n’a pas de raison de céder pour l’instant.

Profiter de la manne dégagée par l’iPod et l’iTunes Music Store : tous les acteurs du marché de la musique numérique en rêvent. Mais pour que cela soit possible, il faudrait que la solution d’Apple soit compatible avec Windows Media Player ou à défaut Real Audio. Selon le magazine américain Billboard, de nombreux constructeurs de matériel ainsi que des développeurs de formats numériques chercheraient à obtenir cette compatibilité auprès des industriels du disque pour 2005. « Il y a un nombre important de discussions entre ces sociétés concernant l’interopérabilité », a expliqué Paul Vidich, le directeur de la planification stratégique et du développement économique de Warner Music à nos confrères. « Les consommateurs vont exiger l’interopérabilité des appareils et des lecteurs numériques. » Et de pointer du doigt la volonté des hackers de contourner l’incompatibilité des fichiers (voir édition du 25 novembre 2003). « Nous devons mettre tout notre poids dans la bataille », remarque ainsi Amanda Marks, la directrice de la division eLab d’Universal Music.

Toute cette agitation est principalement orchestrée par les concurrents d’Apple, du p-dg de Roxio/Napster, Chris Gorog (voir édition du 10 octobre 2003), à la direction de Rio, l’un des concurrents de l’iPod. Mais les premiers concernés sont Microsoft et Apple : pour obtenir l’harmonie sur ce marché, il faudrait que les deux formats de fichiers et leurs lecteurs audio respectifs autorisent une forme d’interopérabilité. On parle de transcodage permettant la lecture des morceaux et des droits numériques. Dans la course à la musique numérique, Microsoft met en avant son format de fichier propriétaire WMA, tandis qu’Apple cherche à imposer une version maison de l’AAC (voir édition du 6 juin 2002), un standard défini par le MPEG LA, un groupe qui réunit France Telecom, Philips, Mitsubishi, Samsung et quelques autres acteurs.

Apple fait de la résistance

Forte de sa position dominante, Apple n’est pas prête à céder. La firme contrôle 70 % de la musique payante téléchargée et 31 % du marché des baladeurs numériques (voir édition du 7 janvier 2004), selon IDC. Son système d’exploitation, Mac OS, dispose d’une audience mondiale dans l’industrie musicale depuis le début des années 80, en raison d’une particularité : sa faculté à proposer du véritable temps réel (un temps de latence quasiment inexistant – voir édition du 29 avril 2003). Du pain béni pour les musiciens et les ingénieurs du son qui ne jurent que par Apple. La prédisposition des majors vis-à-vis d’Apple et l’aura de Steve Jobs dans ce milieu ont permis à la firme de signer des partenariats solides : un accord avec AOL, la sous-traitance de son iPod pour HP et une opération marketing d’envergure avec Pepsi. Difficile de penser que le constructeur de Mac, qui se trouve dans la meilleure des positions, acceptera la standardisation que tentent de lui imposer ses concurrents. Le bras de fer est plutôt à l’avantage de l’AAC et de l’iPod. Si Apple ne parvenait pas à imposer son standard, elle pourrait autoriser le transcodage ou tout simplement la compatibilité.