L’INA se lance dans la vidéo à la demande pour le grand public

Mobilité

Plus de 10 000 heures d’archives audiovisuelles françaises sont désormais disponibles sur Internet. Et 25 000 sont prévues d’ici trois ans.

Feuilletons, séries, dramatiques, discours fondateurs, journaux télévisés, émissions culturelles, évènements sportifs, reportages, spectacles musicaux… Tous (ou presque) les grands moments de la télévision (et radio) française depuis leur naissance sont désormais disponibles en ligne. Le 27 avril, l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) a ouvert ses archives audiovisuelles en direction du grand public à travers son site Internet. Une mémoire audiovisuelle vieille de 60 ans pour la radio et 50 ans pour la télévision jusqu’alors réservée aux seuls professionnels, universitaires et étudiants.

Des programmes mythiques (les Shadoks, les Rois maudits…) aux reportages historiques (Mai 68, chute du mur de Berlin…), sportifs (Tours de France…), voire insolites (un discours du général De Gaulle en russe) et émissions cultes (Apostrophe, Thalassa…) en passant par les événements marquants (premier pas sur la lune) et les portraits de personnalités inoubliables (Georges Brassens, Claude François, Simone Veille, Coluche…), 10 000 heures de programmes (dont plus de 1 000 heures de bandes radio) à travers 100 000 émissions sont désormais accessibles instantanément en quelques clics de souris.

Dynamique éditoriale

Une interface à entrées multiples simplifie la recherche des contenus. Outre la Une et l’espace Découvrir, l’utilisateur peut effectuer ses recherches textuellement et par mots clés. Plusieurs outils conviviaux accompagnent l’internaute comme un historique des recherche ou la possibilité de partager ses choix avec des correspondants en ligne. Mais plus qu’un simple catalogue de vidéo à la demande, le service entend s’articuler « autour d’une grande dynamique éditoriale, toujours en mouvement ». Des fiches descriptives accompagnent chaque programme et de nouveaux dossiers apparaîtront chaque semaine en Une. De plus, dès l’automne prochain, une nouvelle rubrique Apprendre proposera une série de contenus audiovisuels en adéquation avec les programmes scolaires.

Une grande majorité de programmes (des formats essentiellement courts) sont accessibles gratuitement. Le reste du catalogue est, lui, en accès payant selon deux modes : en location pour 48 heures les programmes sont proposés entre 1 et 3 euros; en téléchargement, les prix peuvent atteindre les 12 euros. Les tarifs sont fixés en fonction du type de programme (les actualités, documentaires et magazines se révélant moins onéreux que les fictions, divertissements, retransmissions sportives et cinéma) et de durée.

Le DivX pour les contenus payants

Les programmes achetés (téléchargés) pourront être gravés sur CD ou DVD puis visionnés sur une platine de salon. L’INA a fait le choix du codec DivX 6 qui offre une qualité d’image proche de celle du DVD tout en garantissant une protection anti-copie des contenus. Surtout, le DivX est aujourd’hui le seul format vidéo informatique lisible par des platines DVD de salon.

C’est probablement la raison qui a poussé l’INA à préférer le DivX plus que le WMV/A de Microsoft quitte à se couper d’une partie des utilisateurs, notamment ceux sous Linux (le codec DivX n’a pas été développé pour la plate-forme libre) et Mac OS (le codec est cependant en cours d’achèvement pour OS X) pour le visionnage sur l’ordinateur des contenus protégés. Quand aux images et sons gratuits accessibles en ligne, ils sont protégés par une technologie de marquage invisible (watermark) qui permet d’authentifier son origine. Le format du son ne devrait poser aucun problème puisqu’il s’agit du MP3.

La protection des fichiers est également un moyen de garantir la juste rétribution des ayants droit que l’INA s’est engagée à verser en signant des accords d’exploitation le 16 juin 2005 avec des organismes de gestion collective (Sacem, SACD, Scam) et autres ayants droits (artistes interprètes, musiciens…). L’INA reverse ainsi 46 % des achats en ligne. Sur les 54 % restants, 22 % couvrent les frais d’exploitation et 32 % sont réinvestis essentiellement dans les travaux de numérisation et de restauration des archives audiovisuelles.

L’offre de vidéo à la demande aujourd’hui lancée répond ainsi au Contrat d’Objectifs et de Moyens (COM) signé avec l’Etat en novembre 2005. Ce contrat vise à accélérer la sauvegarde des archives audiovisuelles menacées de disparition et donner librement accès à une part grandissante de ces archives. Ainsi, 835 000 heures doivent être numérisées d’ici 2015. Les internautes auront accès à 25 000 heures de programmes d’ici 2009. Le catalogue s’enrichira de 5 000 nouvelles heures d’archives par an, soit 50 000 émission environ. Un vaste contenu dont le choix éditorial est dicté « en fonction de leur intérêt patrimonial et de l’actualité », selon l’Institut. Si la réalisation du service à coûté 700 000 euros, l’ensemble du plan est budgétisé à 200 millions d’euros sur 15 ans. Ce qui fera de la France « le seul pays au monde à avoir sauvé sa mémoire audiovisuelle ».

INA.fr victime de son succès
« Vous êtes actuellement plus de 3 millions… Le site ina.fr est momentanément indisponible en raison d’un trop grand nombre de visites. Merci de réessayer ultérieurement. » A peine ouvert, le service de vidéo en ligne de l’INA est déjà un succès. A tel point que la navigation sur le site général se révélait pénible, voire impossible, dans le courant de ce jeudi après-midi. Il faut dire que l’Institut avait vu juste en disposant d’un système permettant 30 téléchargements et 300 visionnages simultanés…